A Saint-Gingolphe, petit village de Haute-Savoie, blotti entre le lac Léman et les Alpes suisses, on aurait presque tout pour être heureux, sauf… Sauf que la commune de 800 âmes compte parmi les 20 plus mal connectées de France. Une situation qui atteint depuis juin son paroxysme, au point que François Vaint, pharmacien, a recueilli en à peine deux semaines plus de 600 signatures pour demander le désenclavement numérique de sa commune. « Nous nous croyons revenus à l’âge de pierre, déclare le titulaire au « Quotidien », notre réseau est comme figé aux années soixante-dix. » Au comptoir, le débit bridé à 2 mégaoctets par l’opérateur historique Orange, pénalise bon nombre d’opérations. À commencer par la recherche d’équivalences étrangères dans les bases de données médicaments. « Nous avons beaucoup de patients Suisses. Il faut parfois plus d’une minute pour obtenir l’information », déplore le titulaire. Problème aussi lorsqu’il s’agit de consulter le DP. « Heureusement, nous sommes en zone rurale et nos patients… sont patients ! » En revanche, le handicap numérique se fait plus cruellement sentir au moment de payer : « je suis parfois contraint d’abandonner mon TPE dernière génération pour reprendre l’ancien encore connecté au réseau téléphonique. » Et la situation devient carrément ubuesque à l’heure de la commande : « Mon protocole Pharma-ML fait souvent défaut et m’oblige à recourir au bon vieux fax. »
Samedi dernier, plus de 200 personnes manifestaient devant la mairie de Saint-Gingolphe pour réclamer les 15 kilomètres de câblages qui séparent leur village d’Évian. Le bonheur ne tient parfois qu’à un fil.
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