Premier marché attaqué et gagné par Leclerc à la fin des années 1980, la parapharmacie reste un segment stratégique disputé par des acteurs variés. Malgré tout, l'officine détient 76 % des parts d'un marché qui s'élève à 4,4 milliards d'euros en 2015, soit un chiffre d'affaires de 3,35 milliards d'euros (9,6 % du chiffre d'affaires officinal). Les grandes et moyennes surfaces (GMS) occupent 14,7 % des parts de marché avec 660 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont la moitié pour les seules parapharmacies Leclerc. Les chaînes de parapharmacie et les parapharmacies indépendantes représentent 5,2 % des parts de marché, et la vente en ligne 4,1 %.
Les pharmaciens veulent regagner du terrain. Confrontés à un recul durable des ventes de médicaments, ils ont besoin de nouveaux relais de croissance qui ne seront pas affectés par les mesures de régulation économique. D'après l'enquête* menée par Les Échos Études et parue en décembre, « l’officine investit massivement le marché des produits de parapharmacie via le développement de marques propres aux prix compétitifs » et les enseignes de pharmacie se positionnent de plus en plus « sur les prix bas ou le bien-être ». De plus, les officinaux renforcent leur position sur Internet. Un passage obligé pour faire face aux GMS qui développent leur offre de parapharmacie aussi bien dans leur parc de magasins que sur la Toile, Leclerc et Carrefour en tête. Les pharmaciens gardent l'avantage de pouvoir vendre à la fois des références de parapharmacie et des médicaments à prescription médicale facultative (PMF). Une combinaison que Les Échos Études jugent comme « l’un des moteurs de la croissance du réseau officinal ».
Jeu concurrentiel
Rien n'est pour autant gagné sur le moyen terme, la dynamique des GMS étant fortement motivée par l'espoir d'une future évolution réglementaire libéralisant le marché de l'automédication. Leclerc n'a pas caché cette conviction lorsqu'il a lancé son site le 10 mai dernier. Néanmoins, Les Échos Études sont optimistes : « Le leadership de l’officine sur ce marché laisse présager une bonne résistance du réseau sur celui de l’automédication en cas de levée du monopole. » Par ailleurs, la concurrence passe aussi par « les pure players de la vente en ligne (Amazon, Atrium Santé racheté par Parashop en mai 2016, easyparapharmacie, Santé Discount qui a repris Comptoir Santé en 2016) qui élargissent leur offre ». Ce n'est pas tout, soulignent Les Échos Études, car il faut aussi « compter sur l’arrivée sur le marché français des spécialistes de la vente en ligne de médicaments et de produits de parapharmacie d’Europe du Nord au catalogue large et à la politique de prix agressive tels Newpharma, VitaZita/Farmaline, shop-pharmacie et PharmaSimple ». Pour le cabinet d'études, ce « développement tous azimuts de la e-parapharmacie risque bien de bouleverser le jeu concurrentiel en place ». Et l'acteur le plus menacé n'est pas l'officine, mais la parapharmacie (indépendante ou en chaîne), en perte de vitesse.
Hors officine, la parapharmacie bénéficie de 860 points de vente physique dont les trois-quarts sont détenus par les GMS. Sur Internet, 600 sites sont répertoriés, dont 500 sont issus de l'officine et 356 autorisés à vendre des médicaments. Mais « seules les officines de taille importante pouvant proposer une large gamme, du stock et des tarifs attractifs réussissent sur Internet ». Les plus gros peuvent réaliser jusqu'à 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires annuel, avec 5 000 transactions par mois (en vente directe ou via une place de marché). Pour sortir son épingle du jeu, Les Échos Études recommandent au pharmacien de répondre aux besoins exprimés par les Français (offre de services comme la préparation d'ordonnance scannée et livraison à domicile) tout en jouant sur son atout majeur : le conseil officinal qui apporte « réassurance et caution médicale ». Ils rappellent la récente étude de Kantar Worldpanel pour le compte de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) qui conclut que « les comportements d’achat de produits d’hygiène et de beauté évoluent en faveur du circuit officinal », ce dernier bénéficiant de nouveaux acheteurs, d'une hausse du panier moyen et de la fréquence des achats.
* Parapharmacies et e-parapharmacies : enjeux et perspectives de la digitalisation du marché de la parapharmacie. Étude réalisée par Élodie Bervily-Itasse, expert du secteur santé et médico-social pour Les Échos Études.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin