Des associations comme le PRIARTéM (Pour Rassembler, Informer et Agir sur les Risques liés aux Technologies Électromagnétiques) le font souvent remarquer : l’impact sanitaire de l’exposition à des agents physiques, comme les ondes électromagnétiques, est trop souvent évalué après le déploiement des technologies qui les produisent. Pour une fois, les chercheurs rennais de l’UMR CNRS 6026 « Interactions Cellulaires et Moléculaires » font mentir cette règle tacite. Selon leurs premiers résultats, les ondes millimétriques qui devraient équiper nos futurs téléphones et bornes Wi-Fi n’ont pas d’effet sur l’expression génétique de cellules in vitro, tant que la dose n’est pas suffisante pour induire les effets thermiques. Ces données rassurent « un petit peu » selon Yves Le Dréan, enseignant chercheur de l’UMR CNRS 6026 : « Cela signifie que les normes d’utilisation actuelles, conçues pour éviter les effets thermiques, sont suffisantes ».
Le Wi-Fi du futur
Les ondes millimétriques sont une gamme d’ondes électromagnétiques situées entre 30 GHz et 300 GHz (le Wi-Fi et les ondes téléphoniques actuelles se situent entre 0,5 et 3 GHz). Actuellement cantonnées aux radars anticollisions et aux scanners de sécurité, les ondes millimétriques seront employées dans les nouvelles technologies de transferts de données : ondes 5G, Wireless HD, Wi Fi très haut débit ou encore la domotique « Ces ondes ont pour caractéristique de produire beaucoup d’énergie avec un DAS (débit d’absorption spécifique) très important, explique Yves Le Dréan, leur autre particularité est de peu pénétrer le corps humain et donc de n’exposer que la peau ».
Les biologistes ont observé l’effet des ondes millimétriques sur l’expression d’un grand nombre de « gènes sentinelles » (gènes de l’inflammation, protéines de choc thermique, gènes de stress cellulaire…) de kératinocytes et de cellules nerveuses cultivées afin de savoir si ces ondes avaient la capacité de stresser les cellules et leur faire secréter des facteurs pro-inflammatoires susceptibles d’avoir un effet sur le reste du corps.
Pas d’effet sur des courtes durées d’exposition
Les durées d’exposition étaient limitées à 24 heures. Les chercheurs n’auraient en effet pas pu se montrer exhaustifs dans la recherche de marqueurs avec des durées plus longues. « En exposition ponctuelle, on ne voit pas d’impact sur la réponse transcriptionnelle des différents marqueurs, tant que l’exposition n’est pas suffisamment forte pour induire un effet thermique, résume Yves Le Dréan, cette augmentation était la même que celle observée quand on augmente la température obtenue avec un thermostat. » Les chercheurs savent donc que ces ondes ne causent pas de changements radicaux dans le fonctionnement de la cellule, des modifications plus subtiles de la physiologie cellulaire qui s’accumulerait avec le temps restent envisageables. « Nous allons tenter deux approches : celle des expositions de longues durées sur des tissus entiers, et un autre projet au niveau cellulaire pour rechercher des modifications plus légères de l’expression génétique », conclut Yves Le Dréan.
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