VOUS CONNAISSIEZ la cybernétique, la cybercriminalité et sans doute aussi les cyberpharmacies, mais connaissez-vous les cybercondriaques. Ce vilain néologisme désigne les personnes (patients ?) qui ont pour sale habitude de se jeter sur Google dès le moindre bobo. Mais soyons honnêtes, il y a un peu de caricature dans cette définition. Car nombre de ces internautes compulsifs ont souvent de bonnes raisons de s’inquiéter… Les uns cherchent à mettre un nom de maladie sur des symptômes, d’autres tentent de confirmer une crainte ou de lever un doute. Mais tous arrivent ensuite en consultation (ou devant le comptoir de l’officine), avec une masse d’informations plus ou moins digérées et comprises. « On les repère grâce au vocabulaire, témoigne un urgentiste, car ils emploient un jargon médical qu’ils ne maîtrisent pas. » Le problème, c’est que cette soif d’information, qui se répand au rythme de l’extension du réseau Internet dans nos sociétés, vient, de plus en plus souvent, polluer la démarche diagnostique de nos soignants. Dans 1 cas sur 4, un mal de tête est associé à une tumeur cérébrale par les internautes, révélait une étude menée en 2008 par Ryan White et Éric Horovitz pour Microsoft. De même, nous apprend la même étude, plus d’une réponse sur trois relie une douleur à la poitrine à une attaque cardiaque. Face à l’écran muet de l’ordinateur, la surinterprétation est aussi criante que fréquente.
Et le phénomène n’a rien de marginal. Selon une étude réalisée en 2010 par IPSOS à la demande du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), sept Français sur dix consultent la Toile pour obtenir des informations en matière de santé. Certes, précise le sondage, le médecin reste la première source d’information… Mais le pharmacien, en 3e position, s’est fait doubler par le Net ! Pour certains praticiens, l’usage massif du Web constitue le chant du cygne de la consultation. Moins fataliste, le Pr Michel Lejoyeux rappelle que « le meilleur des antidotes à l’addiction virtuelle, c’est un vrai médecin qui examine, qui vaccine, qui demande les résultats d’une prise de sang. La lutte contre le virtuel nous porte, en fait, au cœur de la médecine, qui n’est autre qu’une relation entre le praticien et son patient* ». Nous pourrions ajouter : le meilleur des antidotes à l’addiction virtuelle, c’est un vrai pharmacien qui écoute, analyse et conseille.
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