Les pharmaciens refusent la main mise des éditeurs sur leurs données. Et luttent pour la liberté du choix de leur fournisseur et de leurs prestataires. Elle serait menacée à en croire les informations dont dispose la profession. Plusieurs éditeurs de logiciels métier seraient en effet en train de crypter les bases de données des pharmaciens, c’est-à-dire que des codes d’accès sont apposés sur les bases de données, propriétés des pharmacies au travers d’une licence accompagnée d’un contrat de maintenance.
Ce procédé, déjà dénoncé par l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), entraverait la liberté des pharmaciens de disposer de leurs propres données, et ce dans le respect de leur libre choix d’usage conformément aux dispositions de la CNIL. D’où l’alerte conjointe, lancée le 10 mai, par l’UDGPO et la coopérative Ospharm demandant aux éditeurs d’attribuer aux pharmaciens des codes d’accès dont ils seront les seuls administrateurs. Et surtout de mettre en place une procédure afin d’éviter à un tiers l’accès à ces données, sans l’accord du titulaire.
Démentis
L’UDGPO et Ospharm ont donc demandé à leurs adhérents d’adresser à leur éditeur LGO « un courrier afin de garantir leur indépendance et la propriété de leur base de données ». Philippe Roux, pharmacien et président d’Ospharm, souhaite que « les éditeurs de logiciels prennent conscience de l’importance de ces données (clients, patients, stocks, vente…) pour les pharmaciens dans l’exercice de leur métier ». A fortiori, face à ses évolutions futures. Ainsi, estime-t-il, « un pharmacien doit pouvoir disposer librement de ses historiques s’il change d’éditeur ». Les pharmaciens doivent par ailleurs pouvoir compter sur leur éditeur dans son rôle de facilitateur en tant que prestataire de services rémunérés par les pharmaciens.
Dans un communiqué, Béatrice Dekeister, dirigeante de Winpharma, réfute les « accusations publiques » de l’UDGPO. Elle les comprend d’autant moins qu’elle affirme lui avoir adressé dans un courrier, « la démonstration de transparence en matière de gestion de données. » Et affirmé qu’en aucun cas « Winpharma ne vendait les données des pharmaciens ». La dirigeante Winpharma déplore que l’Union des groupements n’ait pas donné suite à son courrier. Tout comme elle regrette l’absence de transmission de ses réponses aux pharmaciens. Pour Winpharma (4 300 pharmacies clientes), il s’agit du reste d’un faux débat puisque l’éditeur entretient « un dialogue quotidien avec ses clients et qu’il n’y a pas de questions particulières autour des données de la pharmacie ». Bénédicte Dekeister renvoie par ailleurs à la charte éthique de l’éditeur qui, sous l’article 8, stipule : « Le pharmacien est propriétaire exclusif de ses données. Il peut éventuellement fournir ses données aux prestataires de son choix. »
Le nombre de courriers adressés par les pharmaciens à leur éditeur témoignera de la sensibilité de la profession à cette question.
* Fédération des éditeurs d’informatique médical et paramédical ambulatoire.
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