En 2012, un pharmacien installé dans l’Est de la France a vendu sur son site Internet 10 boîtes de 30 gélules de Laxifor à une jeune cliente internaute. Pour ce fait, il a été condamné en appel par l’Ordre national des pharmaciens à une interdiction d’exercer de 15 jours.
Toute l’histoire débute en novembre 2012, lorsque les parents de la jeune femme, qui vient alors d’être hospitalisée pour anorexie, ouvrent son colis. En découvrant qu’il renferme 300 comprimés de ce complément alimentaire à visée laxative, ils envoient tout de go un courrier à l’Ordre régional et au pharmacien concernés pour faire part de leur étonnement. Pour les parents, l’officinal n’aurait pas dû livrer ces dix boîtes à leur fille. L’Ordre régional porte plainte contre le confrère, qui est condamné en première instance à 15 jours d’interdiction d’exercer. Ce dernier fait appel devant l’Ordre national, qui a confirmé lundi ce jugement.
Cependant, l’audience s’est révélée épineuse sur plusieurs points. Tout d’abord, le Laxifor n’est pas un médicament, mais un complément alimentaire. Il peut donc être vendu en pharmacie, parapharmacie ou ailleurs. Toutefois, dans le cas examiné, le site de parapharmacie étant adossé à une officine, le Laxifor était vendu sous la responsabilité d’un pharmacien. « Or ce produit renferme du séné et de la cascara, deux substances laxatives irritantes. Tout pharmacien le sait », avance Alain Delgutte, président du Conseil central de la section A (titulaires). Le confrère inculpé n’aurait donc pas dû vendre ces dix boîtes simultanément. En effet, « la vente par Internet ne dispense pas le pharmacien de son obligation de prudence », souligne l’Ordre.
Si la jeune femme (1,70 m et 32 kg) avait demandé ces 10 boîtes au comptoir, le pharmacien reconnaît qu’il ne lui aurait pas délivré. « Mais les anorexiques ne vont jamais faire de tels achats dans une officine », précise-t-il.
De plus, notre confrère déclare qu’il ignorait que la jeune femme était anorexique et qu’elle n’a pas demandé de conseils lors de la commande, alors qu’elle en avait la possibilité. Enfin, le pharmacien explique que son site indiquait les conseils d’utilisation (posologie, etc.) du Laxifor. « Ces mesures n’ont pas été suffisantes », reconnaît-il. Il a, depuis, renforcé le système de surveillance de sa pharmacie en ligne : des quantités maximales d’unités commandées ont été fixées pour chaque produit, un pharmacien supervise toute commande de compléments alimentaires à visée digestive, au même titre que celles de médicaments.
À la barre, l’avocat du pharmacien assure que son client est « un pharmacien attaché à la déontologie de sa profession ». Même si, ajoute-t-il, « cette déontologie doit se lire, voire se réécrire, sous l’angle des pratiques nouvelles telles que la vente en ligne ».
Pour l’heure, à moins d’un recours devant le Conseil d’État, le titulaire sera bien privé de comptoir durant 15 jours.
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