Les pharmaciens français ont l’habitude des attaques renouvelées de Leclerc sur le monopole officinal. Il va falloir se méfier d’autres acteurs. Jérôme Gobesso, PDG et cofondateur du pure player belge Newpharma, dévoile sa vision libérale du marché du médicament.
La matinale des Échos Études, consacrée ce vendredi au marché de l’automédication en France, a invité Jérôme Gobesso, à la tête de Newpharma, à s’exprimer sur la vente en ligne de médicaments d’automédication. L’occasion pour l’entrepreneur de livrer un point de vue sans concession. Avec un chiffre d’affaires annuel de 90 millions d’euros, dont le tiers est issu de ventes réalisées en France, l’homme est à l’aise pour fournir les clés de sa réussite. « J’adore la France et son côté conservateur : vous nous ouvrez le chemin et c’est nous qui prenons les parts de marché », provoque-t-il. En clair ? Avec la réglementation européenne, Newpharma peut proposer ses produits à la vente aux Français tout en dépendant de la loi belge, ce qui lui permet de passer outre les règles encadrant la vente en ligne de médicaments en France.
Comme le rappelle Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie-santé des Échos Études, en France, 550 officines ont obtenu une autorisation administrative de vendre des médicaments en ligne, 400 en commercialisent véritablement et à peine une centaine présente des ventes récurrentes… sur les 22 000 pharmacies françaises. Pour Jérôme Gobesso, « le problème de la France, c’est que seuls des pharmaciens peuvent être actionnaires d’une pharmacie. Je ne comprends pas ce principe. Moi-même je ne suis pas pharmacien, mon associé non plus, mais nous employons des pharmaciens. Cette obligation en France empêche de lever des capitaux. Or pour rayonner sur Internet, sur l’Europe, il faut des capitaux. » L’homme d'affaires n’hésite d’ailleurs pas à dire que la réussite de Newpharma repose sur l’absence de pharmaciens à la direction et sur la transformation du métier de pharmacien d’officine à pharmacien d’Internet. Le PDG de Newpharma ajoute qu’il ne risque pas d’installer un établissement sur le sol français car « si on devient trop français, c’est la loi française qui s’applique, ce qu’on ne veut en aucun cas ! » Un avis tranché qui pourrait évoluer si la loi française s’adoucissait, en particulier en matière d’ouverture de capital : « dans ce cas, oui on achètera des pharmacies ».
Persuadé que le monopole officinal français ne tiendra pas éternellement face aux demandes de la GMS, Jérôme Gobesso se félicite d'avoir ouvert le capital de Newpharma, il y a quelques mois, à une chaîne d'hypermarchés belge. Pour lui, l'ennemi n'est pas la GMS et son seul concurrent en France est le pharmacien. « L'Europe est un gros marché mais il est compliqué car y cohabitent 28 législations différentes, c'est un casse-tête, mais c'est ce qui nous protège d'Amazon. »
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