Chez Pharma Express, l’idée a germé chez les trois cofondateurs quand l’un d’eux s’est retrouvé avec une ordonnance entre les mains à une heure tardive et a dû patienter jusqu’au lendemain matin pour se procurer les médicaments. La start-up convainc un pharmacien parisien dont l’officine est ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce premier partenariat permet d’afficher une belle promesse : la livraison de médicaments 24 heures/24, 7 J/7, en moins d’une heure. Le service ouvre en janvier 2017. Un an et demi plus tard, 500 pharmacies ont signé un partenariat, l’offre s’étend en France : Bordeaux, Marseille, Lyon, Aurillac… Et le rythme s’accélère. « En ce moment, nous signons chaque jour avec 4 ou 5 pharmacies, il faut ensuite un délai qui peut aller jusqu’à deux mois pour qu’elles soient référencées sur Pharma Express. Car notre technologie doit être reliée aux stocks réels de la pharmacie », explique Jordan Cohen, cofondateur.
Côté patient, celui-ci doit télécharger l’appli mobile, s’inscrire, choisir sa pharmacie, passer commande, il est livré dans l’heure pour 5,90 euros, de jour comme de nuit ; franco de port pour toute commande de plus de 50 euros. En test depuis plusieurs mois, un numéro vert est désormais en place pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser l’appli mobile, accessible 7 J/7 de 8 heures à minuit : 09 70 15 33 33. Pour les médicaments sur ordonnance, le coursier récupère d’abord l’ordonnance et la carte Vitale auprès du patient et est mandaté pour récupérer les médicaments sous pli scellé isotherme. Pour améliorer cette offre, Pharma Express a lancé l’appli Ordo Express, opérationnelle depuis septembre dernier, qui permet aux médecins partenaires (comme SOS Médecins) d’envoyer directement leur ordonnance électronique à la pharmacie choisie par le patient : s’il s’agit d’une pharmacie référencée sur la plateforme, le patient peut bénéficier de la livraison, dans le cas contraire, il optera pour le click & collect. « À l’exception des produits classés stupéfiants, nous pouvons livrer tout médicament. » Et à partir de septembre prochain, la plateforme Pharma Express sera ouverte à tous les pharmaciens, sans obligation d’abonnement, avec la promesse d’une livraison en moins de 24 heures.
Compte personnel
Otzii : autre start-up, même motivation. Les deux cofondateurs, Adnane Maalaoui, professeur d’entreprenariat, et Doria Barchiche, qui sortait d’école de commerce, se retrouvent autour d’un tout autre projet. Dans un lieu public, face à une pharmacie et à côté d’une borne de taxis, ils constatent qu’une dame âgée a mis 40 minutes pour récupérer ses médicaments un samedi matin glacial de mars 2016. Après une année à prospecter et chercher une solution « viable et valable partout », l’application Otzii voit le jour à Angers, puis à Paris. « Nous devrions compter 100 pharmacies partenaires fin juin. À la fin de l’année, nous serons présents dans les principales grandes villes françaises », affirme Doria Barchiche. Le principe ? Le patient s’inscrit sur l’appli Otzii qui le géolocalise et lui permet de choisir sa pharmacie, puis propose de scanner son ordonnance pour l’envoyer directement à la pharmacie qui peut commencer à préparer la commande. Il peut ajouter d’autres produits hors ordonnance disponibles dans sa pharmacie. Une fois la commande validée, un coursier récupère les documents du patient pour les présenter au pharmacien lorsqu’il va chercher le colis, puis livre le patient. Pour le pharmacien, ce service n’a aucun coût, le patient prend en charge les frais de livraison : à partir de 5 euros, en fonction de la distance à parcourir. Sur son site, Otzii précise qu’une section commentaires dans l’appli permet au pharmacien d’effectuer « son acte de dispensation », consultable à tout moment par le patient pour vérifier la posologie. Il précise également que le compte ouvert par un patient sur l’application étant associé à sa carte vitale, il n’est pas possible de passer commande pour quelqu’un d’autre.
Logistique
Poids lourd du secteur, La Poste propose deux solutions. L’offre Proxi Course Santé permet au pharmacien de déposer un colis de médicaments (jusqu’à 15 kg) à un établissement de la Poste ou de bénéficier d’un retrait du colis directement à l’officine par le facteur, colis qui est remis au patient destinataire à J +1. « Lorsque le facteur doit d’abord récupérer l’ordonnance du patient, on est sur du J +2 », remarque Guillaume Bosc, responsable des projets innovants de la direction des services de la Silver Économie de la Poste. « Le prix d’entrée de ce service est de 4,50 euros, lorsqu’il n’y a pas d’ordonnance à aller chercher au préalable. Le pharmacien est facturé, il fait ensuite le choix de répercuter ou non sur le patient », ajoute Guillaume Bosc. Avec son offre Mes médicaments chez moi, la Poste s’adresse cette fois à tous les particuliers. Testé depuis fin 2016 en région bordelaise, le service s’est depuis étendu à Marseille, Nantes et dans le Limousin. Le déploiement national est programmé courant 2019. « Nous travaillons déjà avec 400 pharmacies partenaires et 3 000 officines souhaitent nous rejoindre mais se trouvent hors de nos zones d’expérimentation », note Guillaume Bosc. Une fois inscrit sur la plateforme, le patient peut commander auprès de la pharmacie de son choix. Le tarif ? À partir de 7,90 euros pour une livraison avec ramassage d’ordonnance préalable. « En aucun cas nous n’interférons dans la relation entre le pharmacien et le patient, notre métier c’est la logistique », rappelle le responsable des projets innovants de la Poste.
Marque blanche
L’offre a séduit plusieurs groupements de pharmaciens comme Pharmabest avec une expérience concluante à Marseille qui va s’étendre à partir de cet été à Monaco, Nîmes, Avignon, Perpignan, Alès, Nice, Carcassonne, Pau, Le Mans et Pessac. Dans ce cadre, La Poste met à disposition sa plateforme digitale en marque blanche et l’adapte selon les besoins et attentes du groupement. C’est ainsi que Pharmabest a lancé Pharmabest@home en juillet 2017 avec des options supplémentaires comme le renouvellement d’ordonnance, la planification de livraisons dans le temps et le rappel de prise. L’enseigne Giphar a également signé un partenariat avec La Poste, en cours de mise en place, suivie dernièrement par Aprium Pharma. « Sur Mes médicaments chez moi nous sommes en train de mettre en place une possibilité de livraison urgente, qui pourra être une option choisie par les groupements de pharmaciens partenaires. C’est déjà le cas d’Aprium Pharma, avec un déploiement prévu à Paris au 4e trimestre », ajoute Guillaume Bosc qui reconnaît que l’offre de La Poste s’étoffe au fil des partenariats et de la découverte des attentes des professionnels de santé. Un autre partenariat a aussi vu le jour avec la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) dans le Limousin et le Poitou, avec une offre dédiée aux personnes retraitées isolées et fragilisées, entièrement gratuite car financée par la CARSAT. Effet rebond, La Poste s’associe à la start-up Papillon créée par le pharmacien du plateau des Millevaches Antoine Prioux, fondateur d’une maison de santé virtuelle grâce à un logiciel permettant de connecter entre eux les professionnels de santé de son secteur.
D’autres offres de livraison de médicaments sont intégrées à un éventail plus large de services. C’est le cas du site mesoigner.fr qui propose aux pharmacies des outils pour la vente en ligne de parapharmacie et de médicaments, et notamment la transmission numérique d’ordonnances et la livraison à domicile. C’est aussi le cas, depuis avril dernier, de l’enseigne Wellpharma (du groupe Objectif Pharma) qui déploie dans ses 120 officines le service « Ma pharmacie à la maison ».
La multiplication des offres a poussé l’Ordre des pharmaciens à rappeler, l’été dernier, que la dispensation des médicaments de prescription obligatoire par un pharmacien qui se rend au domicile de son patient est un gage de sécurité.
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