DEPUIS le 14 novembre, un pharmacien de Caen, Philippe Lailler, a relancé le débat sur la vente en ligne de médicaments. Sur son site Internet, il propose en effet de commander jusqu’à cinq boîtes de spécialités de prescription médicale facultative (PMF) et de réserver des médicaments de prescription obligatoire. Pour retirer ces derniers, une ordonnance doit être présentée à la pharmacie. En revanche, les médicaments de PMF peuvent être directement envoyés aux patients par la Poste. Cette initiative a provoqué un vif émoi au sein de la profession (voir « le Quotidien » du 22 novembre). Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO) et Isabelle Adenot, présidente du conseil national de l’Ordre des pharmaciens, ont réaffirmé leur opposition à la vente de médicaments par Internet. Déplorant la banalisation du médicament, ils soulignent le risque de contrefaçons lié à la vente en ligne de produits de santé.
À l’heure où d’autres pharmacies s’engouffrent dans la brèche, notamment via le site Internet 1001pharmacies.com (voir « le Quotidien » du 29 novembre), la FSPF se déclare à son tour vivement opposée « à toute démarche de nature à favoriser la vente par correspondance de médicaments par des pharmaciens d’officine ». Elle estime que cette forme particulière de vente à distance « va à l’encontre des règles élémentaires de sécurité de la dispensation des médicaments » et qu’elle est « en totale contradiction avec les missions » assignées aux pharmaciens par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et par la dernière convention. Pour le syndicat, la vente en ligne empêche le face à face avec le patient, « meilleur moyen d’assurer le dialogue nécessaire à son accompagnement », et rend impossible l’alimentation du dossier pharmaceutique. De plus, il craint qu’elle ne bénéficie qu’à un nombre restreint d’officines, ce qui mettrait en difficulté les autres, provoquerait une remise en cause la disponibilité de l’ensemble des médicaments, notamment en zone rurale, et risquerait de créer des « déserts pharmaceutiques ». Enfin, il estime que « la volonté de limitation des contrefaçons par un encadrement de la vente à distance est illusoire ». Pour le syndicat, le meilleur moyen d’éviter l’entrée sur le territoire français de médicaments falsifiés est « de ne jamais faire l’acquisition de médicaments sur Internet ».
Santé publique.
La FSPF rappelle qu’« il appartient aux autorités de santé et à l’Ordre des pharmaciens de prendre toutes les dispositions utiles à l’encontre des confrères qui, par leurs actions, seraient susceptibles de mettre en péril la sécurité indispensable à la dispensation des médicaments, qu’ils soient ou non soumis à prescription obligatoire ». Elle appelle donc la ministre de la Santé à « défendre auprès des instances européennes la possibilité pour les États membres d’interdire, dans un souci de santé publique, toute vente de médicaments par correspondance ». Pour cela, la FSPF plaide pour l’extension de la marge de manœuvre de la directive européenne du 8 juin 2011, qui vise notamment à prévenir l’introduction de médicaments falsifiés dans la chaîne d’approvisionnement légale.
Cependant, le sujet est « très difficile », comme l’a reconnu Marisol Touraine, la ministre de la Santé, lors de la 25e journée de l’Ordre. En effet, une quinzaine de pays européens ont déjà autorisé la vente en ligne de médicaments. Les pouvoirs publics sont donc obligés de jongler entre respect de la législation européenne et santé publique. La ministre admet néanmoins que « l’accès libre à des médicaments sur Internet favorise les médicaments falsifiés et les trafics en tout genre ». Pour tenter de résoudre ce casse-tête, « le gouvernement est engagé dans la recherche de garde-fous qui permettront de garantir la sécurité des patients et le rôle des pharmaciens ». Ses conclusions sont attendues avec impatience par la profession, afin de mettre un terme, une bonne fois pour toutes, au flou juridique qui entoure la vente en ligne de médicaments.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin