Pour Jean-Michel Carlet, repreneur et successeur de l’officine paternelle en 1992 – par ailleurs membre du Conseil de l’Ordre du Limousin - la décision fut longuement mûrie. Établi, avec son épouse Catherine, également pharmacienne, à 150 mètres de sa consœur Valérie Bousquet, il avait en tête son projet de transfert-regroupement depuis 2013, étudiant soigneusement la situation économique locale.
« Le centre d’Objat vieillissait assez mal, reconnaît-il, et l’activité se déportait en périphérie, avec la naissance d’une mini-zone commerciale. D’autre part, je connaissais bien ma voisine, ayant travaillé avec elle dans ma propre officine durant de longues années, et nos rapports étaient très cordiaux. Nous étions par ailleurs les deux seules pharmacies de la cité, et nous savions que notre rapprochement ne provoquerait ni réflexe négatif, ni recours, car nous ne gênions personne. »
Les futurs partenaires réalisaient un chiffre d’affaires identique (2 millions d’euros chacun environ), et avaient une même vocation : grandir, diversifier leurs activités, progresser. Le tout dans un vaste local, entourés de personnel compétent, sur un axe passant.
Seule ombre au tableau, la désertification du cœur de la cité, pour laquelle ce départ – même à petite distance – était mal venu : en quelques mois, Objat a vu des commerçants partir en retraite, une boucherie fermer, ses officines déménager, avec en finale une vingtaine de panneaux « à louer » ou « à vendre ». La municipalité tente d’ailleurs depuis de reformater son centre, et de le dynamiser sur fond de complémentarité commerciale, d’îlots d’habitations et de facilités d’installation.
Une officine très généraliste
Aujourd’hui, la « Pharmacie Principale » se dresse en bordure de la route menant à la capitale gaillarde, (12 000 véhicules/jour) forte de ses 550 m2 dont 300 m2 d’espace de vente. Dans des locaux flambant neufs et ultramodernes, elle occupe 11 salariés (tous les anciens des deux commerces ont été repris, 2 postes ont été créés), ouverte en non-stop six jours sur sept. 35 places de parking sont disponibles, et le bâtiment est bien entendu aux normes d’accès pour les personnes à mobilité réduite. Le matériel médical, l’orthopédie, la parapharmacie, le cabinet confidentiel pour recevoir les patients sont les spécialités de l’officine qui propose également les connaissances réunies de ses trois diplômés.
« Nous avons désormais l’outil adapté à nos besoins et à ceux de notre patientèle, analyse Jean Michel Carlet. Nous avons d’ailleurs conservé pratiquement intégralement celle-ci, venue des deux officines précédentes, tout en notant l’arrivée de nouvelles têtes attirées par l’enseigne, et son côté pratique. La situation géographique est idéale, et la zone qui nous entoure est appelée à se développer. »
La fusion paraît donc réussie, même s’il est un peu tôt pour en tirer un premier bilan financier. L’opération aura demandé 600 000 € d’investissements, dans un montage juridique à 50/50 des participants, au sein d’une SEL.
« Mais si j’ai un conseil à donner à des confrères nourrissant un projet identique, c’est de prendre le temps de le concrétiser, dévoile le responsable. Nous avons eu la chance de nous réunir dans des conditions idéales, sans agitation du microcosme officinal local, sans problèmes venant des institutions (Ordre, ARS, etc.). Nous nous connaissions, nous n’étions pas adversaires, nous étions les seuls professionnels d’Objat, un emplacement adapté était libre, etc... Toutes les bonnes conditions étaient là, et nous avions l’envie commune de développer tous deux de nouvelles activités. Tous les regroupements ne sont pas aussi idylliques. »
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