LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – Quelles seront les conséquences économiques de la crise sans précédent à laquelle le Japon doit faire face ?
VINCENT GUENZI – Les pertes provenant du tremblement de terre et du tsunami ont été évaluées, en première approche, à un montant de 150 à 200 milliards de dollars, soit de l’ordre de 3 à 4 % du PIB japonais. En pareilles circonstances, l’activité du pays chute brutalement pendant quelques trimestres et se redresse rapidement avec la reconstruction. La zone touchée par le tsunami représente environ 7 % du PIB japonais qui représente lui-même environ 8 % du PIB mondial. À cela s’ajoutent les effets indirects de la désorganisation de la vie économique en dehors de la zone sinistrée (coupure d’électricité, manque de carburant, rupture des approvisionnements, arrêts de production…).
Le Japon assure des positions majeures dans la fourniture de composants électroniques, de biens de consommation technologiques ou de biens d’équipement. De même, il est un partenaire incontournable pour un certain nombre de pays asiatiques dont la Chine. Le ralentissement d’activité aura donc un impact certain mais limité dans le temps pour les secteurs industriels et les pays d’Asie. Au niveau mondial, l’activité globale devrait être faiblement touchée par tous ces événements. En revanche, nous attendions une modération de l’activité dans les pays émergents, rendue nécessaire par la lutte contre l’inflation. Ce phénomène pourrait être accéléré par la catastrophe japonaise.
Quelles sont, selon vous, les retombées financières de cette catastrophe ?
Les besoins de financement de la reconstruction vont empêcher toute tentative de rétablissement des finances publiques japonaises, déjà très fragiles puisque la dette publique atteint déjà 200 % du PIB. Mais le financement en lui-même sera assuré par l’État, la Banque centrale et probablement une aide internationale. Par ailleurs, les Japonais devront puiser dans leur épargne domestique et à l’étranger. Les investisseurs institutionnels japonais seront ainsi amenés à réduire leurs placements internationaux et à rapatrier des avoirs, ce qui poussera le yen à la hausse au moins temporairement. A priori, ces mouvements ne devraient pas avoir de conséquences durables sur les marchés de taux aux États-Unis.
Les répercutions sur les cours des matières premières sont incertaines : l’effet de pénurie au Japon sera peut-être compensé par la baisse de la demande consécutive au ralentissement économique global.
Et les conséquences boursières ?
L’incertitude est la première d’entre elles. Elle augmente beaucoup la volatilité des marchés et, toutes choses égales par ailleurs, diminue le prix des actions. Elle entraîne également des mouvements de « liquidation » qui accentuent la pression vendeuse lors de séances avec de forts volumes comme celles des derniers jours.
Néanmoins, les niveaux de valorisation des marchés à ce jour nous semblent prendre en compte le ralentissement général que nous escomptions. Mais, lors du précédent tremblement de terre de Kobe, la bourse japonaise avait perdu plus de 25 % en 6 mois et les avait récupérés les six mois suivants. À ce jour, la Bourse de Tokyo a perdu 20 % entre le 11 mars (10 300 points) et le 15 mars (8 227 points au plus bas). Des rebonds techniques pourront se produire, mais il faut envisager que la baisse peut continuer dans les prochains mois à un rythme plus modéré. Si cela se produisait, les autres grands marchés (Europe, États-Unis) pourraient amortir cette tendance et peut-être résister à la baisse sur les niveaux atteints hier.
Indépendamment du risque nucléaire, la période d’incertitude devrait donc durer encore quelques mois, ce qui incite à conserver une position de prudence sur les portefeuilles. Les conséquences sectorielles sont honnêtement difficiles à maîtriser à moyen terme.
Tous les compartiments de la cote ont baissé. Le secteur agroalimentaire et celui du pétrole ont à peine mieux résisté. Les secteurs les plus attaqués ont été : l’assurance, l’automobile, le luxe, la technologie et la chimie.
Concernant les valeurs liées à l’activité nucléaire (qui ont baissé) et aux énergies alternatives (qui ont fortement remonté), nous considérons qu’il est raisonnable de ne rien faire pour l’instant.
Quelle stratégie pourriez-vous conseiller ?
Globalement, nous maintenons donc un message de prudence, surtout en raison du risque nucléaire dont les répercussions peuvent être dramatiques et incalculables. Mais, si la situation à la centrale atomique revenait sous contrôle, nous serions d’avis de continuer à mettre en œuvre la stratégie adoptée début mars : diminuer la sensibilité des portefeuilles aux différents risques ; privilégier les secteurs pétrole et gaz, la technologie, les médias, les télécommunications et les services aux collectivités, secteurs où les valeurs ont généralement de bons rendements ; anticiper des replis pour revenir sur des valeurs financières ; considérer les actions des pays émergents comme encore un peu vulnérables ; penser à l’intérêt des sicav de volatilité pour profiter de l’accroissement des fluctuations des marchés. Cette stratégie était motivée par la situation économique dans les pays émergents, par l’incertitude liée aux pays d’Afrique du Nord et du Golfe persique et par la situation financière dans la zone euro. Tous ces facteurs n’ont pas disparu et peuvent affecter négativement les marchés pendant quelques mois.
Lors des rebonds techniques, nous conseillons d’alléger les positions les plus sensibles à la croissance mondiale qui avaient été très performantes en 2010. En fonction de votre profil de risque, des arbitrages peuvent être progressivement réalisés, lors des phases de repli, en faveur de secteurs ou de valeurs où le risque de déception est plus faible et où la valorisation est raisonnable. Pour l’instant, nous ne modifions pas nos objectifs de cours sur les indices pour la fin de l’année sans exclure de réduire un peu ceux de juin.
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