ON LE REDOUTAIT, mais les chiffres de Fiducial, basés sur l’analyse des bilans des officines ayant clôturé leurs comptes au cours des trois premiers trimestres de l’année 2014, le démontrent clairement : la reprise n’est pas au rendez-vous en ce début d’année 2015.
Globalement, 2014 est même une nouvelle année de recul du chiffre d’affaires, avec une baisse globale de 0,35 %. Plus de la moitié des pharmacies (59 %) voient leur activité baisser de 3,49 % en moyenne, et seulement 41 % d’entre elles ont un chiffre d’affaires qui progresse, de 3,71 % en moyenne. De mauvais chiffres, donc, alors même que l’activité s’était légèrement redressée au troisième trimestre 2014.
Mais attention, prévient Philippe Becker : « Comme l’année précédente, l’évolution moyenne de l’activité n’a pas une signification très marquée, tant les disparités sont devenues fortes entre les pharmacies. En effet, une vision simplificatrice, voire simpliste, qui consisterait à dire que toutes les officines sont logées à la même enseigne ne correspond pas à la réalité et présente même, selon moi, l’inconvénient de retarder le bon diagnostic. J’ai le sentiment que deux morceaux de banquise se sont détachés et qu’ils ne vont pas du tout dans la même direction. Certaines officines ne résisteront pas longtemps, et c’est pour elles qu’il faut rechercher rapidement des solutions. Notre objectif est de dresser un portrait-robot de ces pharmacies qui souffrent le plus, c’est-à-dire celles qui ont une décroissance d’activité continue depuis trois ans. Nous allons regarder cela de près lors de l’élaboration de notre prochaine étude économique. »
Un nouveau modèle économique.
Du côté du marché des génériques et de la coopération commerciale, les experts-comptables de Fiducial soulignaient déjà il y a un an que, en 2013, l’économie officinale était perfusée par le médicament générique. Cette situation n’a pas vraiment changé sur les trois premiers trimestres de 2014 puisque la coopération commerciale est sensiblement au même niveau. Mais, bien évidemment, la nouvelle réglementation qui repousse la limite de remise à 40 % va impacter la présentation des comptes, avec certainement une baisse de la coopération et une augmentation de la marge commerciale. « Il faut espérer qu’au total les officinaux s’y retrouveront ! », note le directeur du département pharmacie de Fiducial.
Autre ratio étudié dans cette étude provisoire : la marge commerciale. De 28,05 % en 2013, le taux moyen devrait passer à 27,99 % en moyenne en 2014. On peut donc dire que la marge des officines - en taux - se maintient, malgré l’atrophie de l’activité. Il faut toutefois noter un phénomène nouveau : cette marge ne progresse plus, en pourcentage des ventes, sur la population de pharmacies étudiées. Il y a là une inflexion qu’il faudra suivre dans les mois à venir. « Mais ce sera difficile, note Philippe Becker, car en 2015 tout sera différent avec le transfert de la coopération commerciale vers de la remise et, dans le même temps, l’arrivée des honoraires. Il faudra donc être prudent dans les premières analyses. Les officinaux entrent à partir de 2015 dans un nouveau modèle économique. Bien évidemment, certains ratios de gestion vont évoluer et d’autres vont apparaître. »
Poker menteur.
Or, justement, cette réforme pourra-t-elle sortir l’officine libérale de l’ornière ? En ce début 2015, il est encore trop tôt pour le dire, d’autant que ce nouveau modèle a ses supporters et ses détracteurs dans la profession. « Je trouve simplement que l’économie du médicament au sens large devient une partie de poker menteur. Ma crainte est que ce manque de visibilité décourage les vocations pour l’officine et aggrave le risque d’une déréglementation, ce qui serait catastrophique. On le voit, par exemple, avec le marché des transactions, qui est bloqué. Mais on le constate également avec les attaques incessantes contre la profession et les professions libérales en général, qui créent une psychose chez les banquiers et les grossistes. Plus personne n’y croit, et ce n’est pas bon ! », conclut Philippe Becker.
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