Avec des résultats d’extrapolations identiques en janvier et février 2018 à ceux publiés depuis 3 ans, le discours de l’USPO a clairement changé sur les causes des évolutions de la rémunération estimée, alors qu’à l’inverse celui de la FSPF reprend in extenso les arguments développés par l’USPO quand il n’était pas seul signataire d’un avenant.
Les analyses de l’économie officinale sont linéaires et reposent uniquement sur les évolutions des volumes, des PFHT et des marges et sont suivies par les syndicats avec des extrapolations statistiques dont ils n’ont jamais vérifié la cohérence.
Pourtant la corroboration de ces estimations avec les chiffres réels issus des dispensations des 22 000 officines fournis par la CNAM montre régulièrement une sous-estimation des volumes et du montant de la rémunération du réseau. C’est sur des bases totalement différentes des extrapolations IMS 2016 qu’a été signé l’avenant n° 11.
Incertitude sur les chiffres
Il existe donc une forte incertitude sur la fiabilité des estimations et sur la cohérence des chiffres. Ainsi les unités perdues en janvier 2018 ont un prix public moyen plus de 6 fois inférieur au prix public moyen des unités dispensées sur janvier et février 2018 et leur PFHT moyen est d’un montant aberrant de 4 cts d’euro. Avec un honoraire à la boîte d’1 € minimum et une perte de 9,281 millions d’unités, le montant des honoraires perdus en janvier ne peut pas être de 8,9 millions d’euros.
Avec une augmentation de chiffre d’affaires provoquée par une progression des prix publics administrés, il est impossible comptablement d’engendrer, avec des taux de marge identiques, une perte de rémunération comme les extrapolations d’octobre 2017 le montrent.
Pour 2015 et 2016 les extrapolations ont donné une perte de rémunération cumulée d’un montant identique à la perte cumulée du CA PFHT fourni par le LEEM, soit environ 171 millions d’euros. La marge commerciale étant calculée à partir du CA PFHT, et le nombre d’unités perdus sur ces 2 ans dépassant légèrement les 22 millions, la perte estimée de 171 millions d'euros de rémunération est alors impossible. D’autant plus que le maximum de rémunération pouvant être perdue, soit environ 50 millions d’euros, se rapproche du cumul des chiffres fournis par la CNAM pour ces deux années.
Avec le système de prix administrés que nous connaissons et l’augmentation régulière du PFHT des nouveautés thérapeutiques, les écarts entre les PFHT ont augmenté et rendus obsolètes depuis de nombreuses années les raisonnements linéaires, devenus impossibles quand un CA PFHT de 600 millions d’unités peut être équivalent au CA de 400 000 autres unités.
À l’évolution des PFHT administrés est associée l’augmentation du nombre des traitements chroniques, ce qui a conduit à une concentration du chiffre d’affaires dont il n’a jamais été tenu compte dans les analyses économiques.
La typologie de l'officine non prise en compte
Au vu des disparités importantes existant entre les montants des traitements chroniques et ceux des premiers recours, la typologie des dispensations de chaque officine, qui détermine la structure de leur chiffre d’affaires, est individualisée, ce qui n’est pas pris en compte dans les bases statistiques.
Le transfert de la marge sur les honoraires étant mécanique, les officines disposant d’une patientèle avec au minimum 27 % de plus de 70 ans et 36 % de dispensations pour chroniques verront leur rémunération inchangée ou en légère progression. Ces deux indicateurs étant par ailleurs liés puisque les traitements chroniques se concentrent chez les plus de 60 ans.
L’avenant n° 11 n’est pas une réforme de notre rémunération mais une modification du même ordre que celle effectuée avec l’avenant n° 5 où un montant identique de la marge commerciale finance des honoraires perçus dans les deux cas à la dispensation d’ordonnances.
Des analyses économiques incohérentes
Apparaît alors l’incohérence des analyses économiques de nos syndicats qui, faute de comprendre le fonctionnement d’un mode de rémunération qu’ils ont pourtant contribué à mettre place, peuvent dénoncer à la fois les méfaits de l’honoraire sur les 3 dernières années tout en vantant ses bienfaits sur les 3 prochaines, ou prédire des pertes de marge commerciale à 3 ans alors que cette forme de rémunération va passer de 50 % à 25 % de la rémunération globale dans le même temps.
La profession ne peut plus se permettre d’ignorer l’évolution de la typologie de ses dispensations et d’avoir un mode de rémunération aussi peu lisible donnant lieu à des interprétations aussi radicalement opposées.
Il est possible de mettre en place un mode de rémunération pérenne, tenant compte de la typologie des dispensations et détaché des PFHT, permettant à la fois la conservation du montant de la rémunération actuelle du réseau et la mise en place d’honoraires à l’ordonnance pouvant apporter avec certitude les 210 millions d’euros promis par l’avenant n° 11, puisque somme toute, depuis 2015, la seule augmentation de rémunération perceptible est l’honoraire d’exception ayant apporté 45 millions pour le réseau en 2016.
Une simple augmentation de 80 centimes de cet honoraire aurait permis un gain de 70 millions d€ en 2018 sans toucher aux taux de marge et évitant toutes les polémiques actuelles, mais n’aurait pas permis les économies réalisées par l’assurance-maladie avec ces modifications.
Seule une improbable prise de conscience par nos syndicats de la réalité économique de notre réseau qui voit, selon l’INSEE et à chiffre d’affaires égal, les pharmacies du Nord posséder une rémunération supérieure de 30 % aux pharmacies du Sud, permettrait de sortir de l’impasse économique dans laquelle nous sommes, et qui perdurera tant que nous conserverons un modèle commercial pour percevoir des honoraires comme professionnel de santé.
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