Plus d'une centaine d'adhérents du groupement Mutualpharm se sont réunis dans la salle de cinéma de l'Aquarium de Lyon lundi 6 février, pour débattre des conséquences sur l'officine du dernier plan de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2017). Michel Terrot, député du Rhône, et Jean-Pierre Door, député du Loiret, ont tenté de répondre aux préoccupations des pharmaciens. « Quand on voit l'impact économique que nous allons encore subir cette année, comment voulez-vous que la répartition et les industriels du générique continuent à nous apporter des conditions commerciales ? », pointe Bruno Soufflet, président du groupement Mutualpham. « La pharmacie est une chaîne, poursuit-il. En haut, on retrouve les politiques, donc les décideurs et ensuite, ceux qui subissent ! Souvent, on pense simplement aux pharmaciens, mais la chaîne comprend aussi la répartition et l'industrie ! » Il constate d'ailleurs, en tant que responsable de groupement, que « d'année en année, nos négociations deviennent de plus en plus tendues, voire musclées. En 2018, 2019, 2020 : serais-je encore en mesure d'apporter à mes adhérents des conditions commerciales ? » s'angoisse-t-il.
Au bout du rouleau
Pour Michel Terrot, ce problème est commun à toutes les industries en France. « Nous sommes le pays de l'OCDE qui prélève le plus, souligne-t-il. Dans le système actuel, où nous observons une baisse des prix et des marges permanentes, je ne pense pas qu'on pourra continuer à asseoir la rémunération du pharmacien uniquement sur les prix du médicament. Il faudra bien que nous parvenions progressivement à rémunérer la prestation de service et l'activité de conseil. Le pharmacien n'est pas là pour vendre des boîtes, il est là pour donner un véritable service de santé ! »
Jean-Pierre Door estime pour sa part que « nous sommes au bout du rouleau. Il faudra équilibrer les recettes et les dépenses. Et pour cela, il faut évoluer vers une loi de finances générales d'un côté, et un budget santé de l'autre ». Par ailleurs, il juge que les réformes structurelles nécessaires n'ont jamais été faites en France. « Il y a 2 000 hôpitaux en France et trop de CHU ! Tout cela devrait être revu et permettrait de faire des économies. Alors que le plus simple pour le gouvernement, c'est de taper sur le médicament, car personne ne dit rien ! »
Il constate que l'industrie pharmaceutique, qui était le troisième exportateur français après l’aéronautique et l'agroalimentaire, est tombée au septième rang. « Les grands laboratoires étrangers, ne viennent plus sur notre territoire. Cette année, sur les 110 derniers brevets déposés dans le monde, il n'y en a que 8 qui ont été faits en France. Nous avions une industrie pharmaceutique qui était un fleuron français et qu'on a démolie petit à petit », déplore-t-il.
Effet domino
De son côté, Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), s'inquiète de savoir si la répartition et les industriels pourront encore soutenir longtemps l'économie officinale, Joachim Fausto Feirera, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), se veut rassurant. « Il est vrai qu'il existe un effet domino. À partir du moment où on touche à l'industrie, on touche à l'économie de tous les acteurs. Et l'impact d'une pharmacie faible pour la répartition est dévastateur ! Nous avons donc besoin d'être à vos côtés, car si vous n'avez pas de croissance, nous n'avons pas de croissance non plus », affirme-t-il.
Jean Loaec, directeur commercial chez Mylan, veut quant à lui rester optimiste. « Si la répartition veut des clients en bonne santé, nous voulons des clients heureux ! déclare-t-il. Moi, je suis très positif sur l'avenir. En 20 ans de génériques je n'ai connu que des croissances positives sur le générique. Et quand je vois que le marché français est à 19 % en valeur pour 34 % en volume, j'ose dire que le générique n'a toujours pas démarré en France ! Un marché mature c'est 70 % en volume et 35 % en valeur, donc on va doubler le générique et la ressource de la pharmacie ! », prévoit-il. De quoi remonter un peu le moral des pharmaciens présents…
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