La Chine, pour sa part, a mis le couvercle sur les révélations de la centaine de journaux et médias qui ont été associés à cette méga-enquête. Elle porte sur plus de onze millions de documents. Le seul examen de cette pile monstrueuse de papiers a nécessité la mobilisation de centaines de journalistes. Tous les documents viennent d’un cabinet d’avocats panaméens, Mossack Fonseca. Le gouvernement du Panama, comme il fallait s’y attendre, a d’abord réagi par le déni, puis, réalisant qu’il allait devenir le paria de la finance, a fait savoir qu’il allait remettre de l’ordre dans ses affaires.
En France, quelques noms ont été cités, mais c’est le rôle joué par la Société générale dans cette affaire qui a été mis en exergue. Elle aurait ouvert pas moins d’un millier de filiales à Panama dont le rôle aurait été de protéger des capitaux contre les services fiscaux français. Le ministre des Finances, Michel Sapin, qui venait à peine de se réjouir des résultats d’une intense campagne pour recouvrer les sommes non déclarées et non imposées, déposées à l’étranger par des possédants français, n’a pas caché sa colère contre l’une de nos plus grandes banques.
Son P-DG, Frédéric Oudéa, avait déclaré en 2011 que la Société générale n’avait plus de sociétés off shore, qui travaillent dans l’ombre et procèdent à des transactions légales dans ces territoires lointains, mais sont interdites par les pays d’où vient l’argent. Aujourd’hui, la ligne de défense de la Société générale semble bien faible : ces sociétés, dit-elle, ne la représentent pas et disposeraient de leur autonomie.
M. Sapin a demandé à ses services de lancer une vaste enquête pour faire la part du vrai et du faux dans les affirmations de la banque, dont la réputation, très endommagée avec l’affaire Kerviel, ne risque pas de s’améliorer. Jérôme Kerviel, l’ancien trader de la Société générale, condamné pour lui avoir causé une perte de quelque 5 milliards d’euros par des transactions trop audacieuses, voit dans cette nouvelle incrimination de la banque un argument qui l’absout. Car il a constamment défendu la thèse que la direction de la banque connaissait parfaitement ses activités, y compris quand elles allaient trop loin, mais qu’elle a préféré désigner un bouc émissaire pour mieux apparaître comme une victime.
Un système indestructible
Le problème qui se pose au gouvernement français (comme à tous les gouvernements qui y sont confrontés), c’est que l’évasion fiscale est un phénomène qui résiste à toutes les lois, à tous les contrôles, à tous les accords internationaux qui ont été conclus pour en réduire la dimension. La crise de 2008 a entraîné une réaction mondiale de remise en ordre à laquelle ont participé la plupart des gouvernements occidentaux.
Malgré les coups de semonce et les mises en demeure, les paradis fiscaux n’ont pas disparu. Si la Suisse a fait amende honorable et coopère maintenant avec les gouvernements américain et européens, le Luxembourg, l’île de Jersey, Singapour, Panama, l’État américain du Delaware (la liste n’est pas exhaustive) continue d’abriter des sociétés ou des banques qui pratiquent l’évasion fiscale en toute impunité.
À quoi il faut ajouter que l’absence complète d’harmonisation fiscale en Europe permet à certains pays, par exemple l’Irlande, d’attirer sur leur sol des multinationales trop heureuses de faire de très bonnes affaires sans s’acquitter du juste montant d’impôts qu’elles paieraient ailleurs.
Parmi les personnages atteints par le scandale, on retrouve le nom de Vladimir Poutine, qui a riposté en affirmant que tout cela n’était qu’un complot de la CIA pour nuire au gouvernement russe, des dirigeants chinois, Michel Platini et Dominique Strauss-Kahn (encore eux) et, last but not least, le Premier ministre britannique, David Cameron, qui, après avoir nié farouchement, a reconnu qu’il avait acheté des actions off shore pour quelque 40 000 euros, mais qu’il les avait revendues en 2011. Il a essuyé une tempête au Parlement ; pour autant, l’opposition travailliste ne lui a pas demandé de démissionner. L’argent et la politique ne vont jamais ensemble, mais restent inséparables.
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