POUR ANALYSER les comptes de l’officine, savoir la piloter, faire des prévisions, il ne faut plus se fier aux repères traditionnels, mais utiliser de nouvelles références. C’est, en substance, le message qu’a voulu faire passer Patrick Bordas, expert-comptable associé chez KPMG et spécialiste des pharmacies, lors d’une récente conférence. Traditionnellement, par exemple, on calcule la valeur d’une officine en retenant un multiple du chiffre d’affaires hors taxes ou du chiffre d’affaires TTC. Or, inclure la TVA dans la valorisation n’a plus guère de sens aujourd’hui, et il est donc préférable de retenir une valeur hors taxes. La valorisation des officines a d’ailleurs changé ces dernières années, puisqu’on est passé d’une moyenne égale à 94 % à une valeur égale à 84 % du chiffre d’affaires hors taxes depuis dix ans, soit une perte de dix points.
Autre critère traditionnel qui doit être remis en cause : la rentabilité. « On a l’habitude d’apprécier cette rentabilité surtout d’après le taux de marge et le taux d’excédent brut d’exploitation – EBE. Mais, aujourd’hui, le taux de marge recouvre plusieurs facteurs différents de marge », explique Patrick Bordas.
De nouveaux repères.
Pour déterminer la valeur d’une officine, le seul ratio auquel il faut se fier désormais est le multiple de l’EBE, les officines se valorisant en moyenne, actuellement, entre 6 et 8 fois l’EBE. L’excédent brut d’exploitation, en effet, est un ratio qui traduit plus fidèlement la capacité d’une officine à dégager des résultats, et qui permet de savoir avec combien d’années de bénéfice l’outil de travail est acquis. Quand on reprend une officine, toutefois, le multiple de la marge est également un ratio intéressant, puisque c’est la marge qui paie l’outil de travail et qui rémunère le ou les titulaires.
Quant à la rentabilité, il est plus juste de la mesurer désormais par un taux de rémunération qui intègre à la fois la marge commerciale elle-même et les rémunérations autres.
Les compteurs pour piloter.
Après l’acquisition d’une officine, et même tout au long de l’activité professionnelle, il faut comparer, chaque mois, la réalité des chiffres avec ce qui était prévu et budgété précédemment, conseille Patrick Bordas. À cet égard, les trois compteurs principaux que l’on peut surveiller sont la valorisation de l’officine (en retenant un indicateur pertinent mesurant la valeur créée par l’officine), la rentabilité (avec une bonne approche de la rémunération officinale, au mois le mois), et la trésorerie. Sur ce dernier point, attention : ce n’est pas parce qu’une officine développe son chiffre d’affaires qu’elle dispose obligatoirement de trésorerie, et ce n’est pas parce qu’elle dispose de trésorerie qu’elle ne peut pas faire des pertes…
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