À proximité de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, la pharmacie du centre commercial Aéroville de Tremblay (Seine-Saint-Denis) devra bientôt cesser de vendre des médicaments. Sa titulaire, Jessica Weizman, s’attend en effet, d’un jour à l’autre, à être radiée de l’Ordre des pharmaciens. Cette décision fera suite à l’annulation du transfert à l’Aéroville, de l’officine du Vieux Pays qu’elle avait récemment acquise dans le noyau historique de Tremblay. Une décision prononcée par le ministère de la Santé, dans le cadre d’un jugement du tribunal administratif de Montreuil, fin 2014.
La pharmacie de l’Aéroville avait déjà été privée de licence une première fois pendant deux mois et demi en début d’année, avant que l’ARS ne se prononce à nouveau en faveur du transfert au printemps dernier. « Cette fois-ci, je crains malheureusement qu’il soit impossible de revenir sur la décision du ministère », déplore Jessica Weizman. La titulaire ne cache pas son incompréhension face à la procédure et au recours engagés par sa consœur Fabienne Bonassoli, titulaire de la pharmacie de Roissy (Val-d’Oise). Cette pharmacienne, installée depuis vingt ans à Roissy a contesté ce transfert au motif qu’il n’existe aucun besoin de la population dans cette zone exclusivement commerciale. « Un transfert illégal », assène-t-elle.
Changer les règles
En transférant son officine du Vieux Pays de Tremblay vers l’Aéroville, Jessica Weizman a parcouru six kilomètres vers le nord, mais surtout elle a troqué son univers de pharmacie de village contre une surface de centre commercial de 200 m2 avec 600 clients/jour. Enfin, au passage, elle s’est rapprochée à trois kilomètres de Fabienne Bonassoli. Cette dernière a certes maintenu son chiffre d’affaires grâce au suivi de patients à pathologies lourdes, mais elle a vu sa fréquentation baisser de 7 % en un an. Fabienne Bonassoli, qui affirme défendre une certaine idée de la pharmacie, entend dénoncer les pratiques de transfert spéculatives dans la profession : « Il s’agit de racheter des pharmacies dans un but purement financier. Or les patients sont de moins en moins fidèles et sont attirés par la nouveauté qu’on leur propose ».
De son côté, Jessica Weizman, tout juste trentenaire, fait valoir les changements dans les habitudes de consommation. Les commerces du Vieux Pays ayant disparu, le centre commercial est devenu un lieu de vie. Elle en veut pour preuve sa clientèle composée à majorité d’habitants de Tremblay. « Nous rendons service à la population. Nous sommes aux normes d’accessibilité et nous disposons d’un local pour les entretiens », se défend la jeune titulaire. Elle réclame un assouplissement des règles de transfert en corrélation avec les mutations socio-économiques. Prévu à la loi de santé, ce point devrait être discuté prochainement à l’Assemblée nationale. Jessica Weizman, qui en appelle aux élus et à la profession, craint cependant qu’il ne soit trop tard pour elle et ses vingt salariés.
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