PRISE dans l’étau d’une situation inextricable, la mairie de Rome a tranché : Farmacap, la société sanitaire municipale qui gère les 43 officines communales romaines et leurs 360 salariés, sera privatisée. Du moins partiellement, le conseil municipal ayant décidé de vendre, dans un premier temps, 40 % des pharmacies. « Mais, selon la rumeur, ce n’est qu’un premier pas, la mairie ayant en fait l’intention de se débarrasser complètement de ce qu’elle considère désormais comme un véritable boulet », déclare une pharmacienne sous couvert d’anonymat. Le fait est que Farmacap est devenue ce que l’on appelle communément une très mauvaise affaire. En 2013, la société affichait un déficit de 15 millions d’euros que la mairie, s’agissant d’une entreprise municipale, a dû combler, et un chiffre d’affaires de 49 millions. À la faiblesse de ces chiffres, s’ajoutent les problèmes liés à la gestion « exécrable de toute la boutique », confie une autre source. Exécrable, cela veut dire incapable d’appliquer des critères managériaux pour faire tourner les moteurs d’une société qui pourrait faire tomber des euros sonnants et trébuchants dans les caisses de la mairie.
Ce que cette « gorge profonde » reproche à Farmacap, c’est son incapacité d’investir. « Ils sont incapables de valoriser les officines et de constituer un stock. Durant un inventaire, les inspecteurs ont trouvé qu’il n’y avait qu’un tiers des produits nécessaires selon nos calculs », confie cette source. Elle évoque aussi la question des loyers à triple zéro dans les banlieues où, normalement, le prix du mètre carré est moins cher, et des additions ponctuellement présentées pour des travaux de restructuration souvent inutiles. Enfin, le problème des vols, qui appauvrit ultérieurement les stocks. « Le montant des produits volés, comme notamment le Viagra et le Cialis, revendus ensuite au marché noir, a représenté 9 millions d’euros l’an dernier ! », a d’ailleurs tonné le maire, Ignazio Marino, en juillet dernier.
Une nouvelle concurrence pour les pharmaciens ?
Pour faire court, la mairie a donc décidé de se débarrasser progressivement de Farmacap. L’affaire sera conclue d’ici au mois de mai lorsque les experts chargés d’estimer les 40 % qui seront mis aux enchères avant l’été prochain, auront dressé leur rapport. « La mairie a trois possibilités. Vendre les officines une par une, par groupe de quatre, ou en bloc », explique Franco Caprino, président de Federfarma Lazio, la fédération des pharmaciens du Latium. Selon la rumeur, un acheteur potentiel aurait déjà frappé aux portes de la mairie, le distributeur pharmaceutique romain Alleanza. Mais l’arrivée d’un tel groupe ou d’une multinationale ne plaît pas à tout le monde. À commencer par les salariés de Farmacap, si l’on en croit les confidences d’un autre interlocuteur. « Les salariés des communales n’ont pas vraiment l’habitude de travailler. L’arrivée d’un privé les obligerait à changer leur mode de vie. Pour éviter la vente, ils ont multiplié les grèves », déclare une pharmacienne employée par une officine communale.
Pour sa part, Federfarma Lazio se dit également inquiète, mais pour d’autres raisons. « Il aurait mieux valu que la situation reste telle quelle. Il ne faudrait surtout pas que la société soit rachetée par une multinationale », confie Franco Caprino. L’arrivée d’un privé ou d’une multinationale veut dire nouvelle concurrence, et très aguerrie en ce qui concerne les techniques de vente et de développement de l’entreprise. Pour les pharmaciens du secteur privé frappés de plein fouet par la crise, cela ne veut rien dire de bon.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
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