Depuis 1986, mais avec des interruptions pour raisons familiales, la pharmacie Caenevet ouvre ses portes pour les Journées du patrimoine. Cette année encore, Monique Roye recevra le public dans son officine, créée à côté de la mairie de Wambrechies (Nord) en 1908, et classée depuis 1986 à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
« Mon père, Jean Caenevet, a racheté cette officine en 1962, et je lui ai succédé en 1990 », rappelle Monique Roye. L'an prochain, sa fille Priscille Sanchez-Roye, prendra la suite. L'officine de Wambrechies est la première pharmacie et le premier monument classé de la commune. Elle ressemble à l'idée qu'on se fait des anciennes apothicaireries : du bois sculpté, « du chêne de Hongrie », précise Monique Roye, des pots en verre et en porcelaine, une vieille caisse enregistreuse, un trébuchet, des moules pour suppositoires. Et tant d'autres objets pour sourire d'un passé pas si lointain, se souvenir, rêver encore.
La pharmacie ressemble davantage encore à un musée depuis qu'elle a été transférée, en 2013, dans un bâtiment contigu, plus rationnel, et plus accessible, avec une rampe pour compenser les trois marches de dénivelé. Cette officine, qui prendra le nom de Caenevet, a été créée à cet endroit en 1908, après un transfert. Elle était auparavant de l'autre côté de la place. Le premier pharmacien de la nouvelle officine est Constant Lelong, qui l'a cédée à son fils quelques années après. C'est ce dernier qui a vendu à Jean Caenevet.
« Quand nous sommes arrivés, raconte Monique Roye, qui était alors une petite fille, tout était tout noir. Mon père a fait gratter toutes les boiseries, revenues à leur éclat d'origine. L'officine a passé deux guerres sans dégâts, comme la ville d'ailleurs, où seul le pont-levis sur la Deule a sauté. Mon père a demandé le classement pour que la pharmacie soit protégée. »
Nostalgie
Monique Roye a accueilli les visiteurs des Journées du patrimoine avec son père dès 1986. « On démontait toute l'informatique - mon père a eu très tôt un des premiers Apple -, on rangeait tous les médicaments modernes pour remettre les pots anciens à leur place. Et le dimanche soir, il fallait tout remonter pour rouvrir. » Depuis une trentaine d'années, Monique Roye s'est attachée à regrouper des objets de pharmacie et de médecine qui meublent aujourd'hui son petit musée. Elle a retrouvé du matériel dans des cartons que le prédécesseur de son père avait stockés dans la cave de la maison. Un médecin lui a donné des boîtes d'anciens médicaments ; un patient, bénévole chez Emmaüs, lui rapporte des objets qu'il trouve en débarrassant des maisons. Elle a ainsi récupéré une vieille attelle d'avant-bras en grillage, de vieux livres de recettes de pharmacie, des codex, des vieux journaux, des aiguilles que le pharmacien vendait aux religieuses infirmières. La mairie de Wambrechies lui a ainsi donné une facture que le pharmacien avait envoyée, en 1906, au curé de l'époque pour une genouillère, « quatre pilules », etc.
« Les patients viennent aux Journées du patrimoine beaucoup par nostalgie, raconte Monique Roye. Certains ont connu mon père. Mais il y a des visiteurs de tous âges, des jeunes qui font le déplacement pour voir de beaux objets. Je leur explique ce qu'étaient les médicaments, ce qu'était le métier d'apothicaire, " celui qui a une boutique ". Les gens aiment l'ancien. On voit à chaque fois des habitants de Wambrechies, dont c'était leur pharmacie, mais il vient aussi des visiteurs de toute la métropole (lilloise). On reçoit jusqu'à trois cents personnes le samedi, sept cents le dimanche. Ce soir-là, je n'ai plus de voix ! »
Il faut bien convenir que le lieu attire. La façade est en chêne, avec en fronton « Pharmacie Caenevet » en lettres dorées, la porte et la vitrine en verre gravé. Le magasin est petit, avec deux comptoirs plutôt grands, où le pharmacien faisait ses préparations devant le patient. Tous les murs sont couverts d'étagères encastrées, en partie avec portes sculptées.
Monique Roye maîtrise à l'évidence son sujet. Elle a beaucoup potassé l'histoire de la pharmacie, celle de son officine. L'an prochain, c'est décidé, elle prendra sa retraite, mais pour faire « encore plus de visites de la pharmacie, en travaillant avec l'office de tourisme ».
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