Les centrales d’achat pharmaceutiques (CAP) sont plus que jamais identifiées par les groupements comme les entités qui pourront sauver l’image du pharmacien au comptoir. « Le titulaire est certes commerçant mais rien ne l’empêche de déléguer ses achats pour se consacrer à ses patients, aux fonctions pour lesquelles il a été formé. Les CAP sont la solution pour le libérer de la fonction achat », résume Christian Grenier, président de la chambre syndicale des groupements (Federgy).
Force est de constater toutefois que les CAP sont aujourd’hui, réduites à l’immobilisme. « Grande avancée sur le papier, la CAP ne tient pas ses promesses en raison des agissements des laboratoires qui privilégient certains pharmaciens avec lesquels ils traitent en direct », dénonce Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Résultat, les CAP ne sont pas compétitives et des différences notables de traitement pénalisent de nombreux pharmaciens. Aussi, l’UDGPO revendique un rapport adulte avec les laboratoires, « ceci d’autant plus que des liens de confiance que sont IMS, le Gers ou encore Offisanté sont capables d’assurer la traçabilité des produits sur une centrale d’achats des groupements », précise Hervé Jouves, président honoraire.
Loi Macron 2
Les présidents de groupements vont même jusqu’à réclamer l’extension des CAP à la prescription médicale facultative et à l’OTC. À périmètre nouveau, les CAP des enseignes et des groupements auraient ainsi de nouvelles marges de manœuvre pour acheter en lieu et place des pharmaciens, et ce en lissant les prix et de manière plus compétitive pour chaque officine.
Le conseil national de l’Ordre des pharmaciens lui-même, donne sa voix au chapitre. Isabelle Adenot a récemment regretté que « ces structures, certes prévues dans le code de la santé publique, n’aient pas les moyens d’être suffisamment efficientes ».
Federgy, qui se félicite de cet appui, bénéficie également du soutien des ministères de l’Économie et de la Santé. Dans sa volonté de permettre aux pharmaciens d’acheter avec des remises non discriminatoires et des conditions commerciales adaptées au marché, la chambre syndicale a fait déposer fin juillet trois amendements à la future loi Macron 2, dédiée aux nouvelles opportunités économiques (NOE), dont le numérique. C’est d’ailleurs le volet du numérique qui a servi de tremplin à l’un de ces amendements sur les CAP. Un premier amendement prévoyant la mutualisation des sites de ventes de médicaments, notamment du click & collect, a tracé en effet la voie d’un deuxième amendement sur les CAP. « En effet, pourquoi les CAP n’auraient-elles pas le droit elles aussi, d’élargir leurs achats ? », remarque Christian Grenier. Et d’enclencher dans la foulée un troisième amendement autorisant les CAP à s’adosser à un dépositaire.
Selon le président de Federgy, la procédure devrait être lancée très rapidement. Dans trois à quatre mois, les groupements seront fixés sur le sort de leur CAP dont le bon fonctionnement permettra d’assainir le système de distribution. « Il signera l’arrêt des rétrocessions et des "coffres", ces réserves "occultes" en nature concédées par les laboratoires aux pharmaciens », promet l’UDGPO.
C’est donc par une loi sur les nouvelles opportunités économiques, et non par la loi de santé, que la pharmacie sera modernisée.
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