LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- L’association de pharmaciens pour gérer une officine est une tendance lourde depuis quelques années. Mais travailler à plusieurs n’est pas toujours facile. D’après votre expérience, comment ces associations résistent-elles dans le temps ?
PHILIPPE BECKER. - En fait, il y a des éléments qui permettent de prévoir la pérennité d’une association. Par exemple, ce n’est pas forcément parce que l’on se connaît depuis longtemps que le ciment sera plus solide. En pratique, ce qui caractérise les associations qui durent, ce sont d’abord les personnalités des pharmaciens : c’est une évidence de dire que s’associer, c’est accepter l’autre comme il est, avec ses défauts et ses qualités, et que s’associer, c’est potentialiser les complémentarités.
Bref, il faut se connaître soi-même pour faire ce choix, et surtout ne pas le faire par défaut ou par dépit.
Quelles sont les principales causes de dissensions ?
PHILIPPE BECKER. - Ce n’est pas particulier à la profession officinale, mais les questions d’argent sont la cause principale des problèmes entre associés, qu’ils soient conjointement exploitants ou même exploitants et investisseurs.
Le cas classique est la rencontre entre une « fourmi et une cigale » qui décident d’acquérir une pharmacie. Que se passe-t-il en général ? L’un va avoir un compte-courant débiteur (il va devoir de l’argent à la société) et l’autre va passer sa vie à éponger les dettes créées par ce comportement. Comme dans la fable, la situation devient vite intenable.
Une autre cause fréquente de dissension est l’immixtion des conjoints (au sens large) dans l’entreprise. Parfois même, ils y sont salariés. Cette situation contribue en général à créer un déséquilibre qui se résout bien souvent par le départ d’un des associés.
Peut-on anticiper et combattre ces litiges potentiels ?
ALAIN FILS. - Oui, en évitant ou en faisait en sorte d’éviter de se trouver dans les deux situations décrites précédemment, même si, dans l’euphorie d’une acquisition d’un fonds ou de parts, le danger n’est pas toujours perceptible.
Pour cela, il faut se dire les choses et même les écrire avant de s’associer. C’est l’un des objets du règlement intérieur et du pacte d’associés, qui ont pour vocation de préciser les statuts. Si, au stade de la rédaction de ces documents contractuels qui vont régir la vie de la société et des associés, il y a des désaccords, il ne faut pas poursuivre le projet.
Malgré ces précautions, il est difficile de tout prévoir. Comment peut-on vraiment se protéger ?
PHILIPPE BECKER. - La première chose est de faire appel aux professionnels du droit, qu’ils soient avocats ou notaires, pour la rédaction de tous les actes juridiques. Ensuite, il faut envisager les pires scénarios en préparant par avance une stratégie de sortie amiable. On ne s’entend plus… c’est la vie, mais on aura au moins un modus operandi, et ce ne sera donc pas si grave…
Attention toutefois à la valorisation des titres de l’officine, qui est un point clé en cas de dissension et de départ d’un associé. Dans cette situation, l’expert-comptable est là pour trouver une formule simple qui vise à régler l’épineuse question de l’indemnisation de celui qui part.
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