RIEN NE VA PLUS. Après plusieurs années économiquement difficiles, l’officine accuse le coup. Et ses salariés aussi ! Selon l’étude réalisée par le cabinet Ithaque, entre 3 000 et 12 000 emplois liés aux officines devraient disparaître, d’ici à l’horizon 2015. Une perspective peu réjouissante que l’auteur de l’étude, Rémy Debeauvais, explique par « un contexte économique âpre, dont les causes structurelles vont continuer à produire des effets négatifs pendant encore deux ans ». En clair, les politiques de limitation des déficits par la maîtrise des dépenses de santé vont continuer à peser sur l’économie globale de l’officine jusqu’en 2015. En outre, estime-t-il, « la concurrence, et notamment celle d’Internet, va s’accentuer ».
À défaut de se montrer optimiste, Michel Le Diréach, secrétaire de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle de la pharmacie d’officine, entend toutefois tempérer cette apparente morosité. « Tout va dépendre des pharmaciens eux-mêmes », explique encore le consultant missionné par la CPNEFP et par l’OMPL. Selon Rémy Debeauvais, deux scénarios peuvent ainsi être envisagés : soit les officines répondent à la crise par « une réduction des coûts plutôt que par une redynamisation de l’offre de service, soit elle redynamise l’offre de service et développe de nouvelles activités ». Deux scénarios dont le choix ne sera pas sans conséquence pour les 119 611 salariés, majoritairement composés de femmes (87 %).
Les deux scénarios.
Dans le premier cas, le nombre d’officine diminuant de 3 000 à 3 800, la taille moyenne augmentera plus par la démographie naturelle que par concentration et, donc, le développement de nouvelles activités sera freiné par la faible rémunération. D’où une volonté de rechercher des gains de productivité qui accentuera encore l’incapacité de répondre aux attentes. Conséquence : 11 000 à 12 000 emplois disparaîtront à l’horizon 2015 ; soit « 4 000 à 5 000 par le prolongement des tendances passées et 5 000 à 6 000 en raison de la diminution du réseau et des gains de productivité ».
Dans le second scénario, malgré une baisse globale d’environ 2 500 officines liée à la concentration dans les zones rurales, les mesures prises pour lutter contre la désertification inciteront les officinaux à développer de nouvelles activités, et donc à recruter. Bien que ce développement ne permette pas de compenser intégralement la baisse démographique, les pertes d’emplois seront alors limitées à 3 000 ou 4 000 disparitions de postes. D’autant que la demande de soins se transforme, avec des besoins plus affirmés de conseil, un vieillissement de la population et des politiques de maintien à domicile dans lequel le pharmacien a un rôle à jouer. Cependant, « la solution ne saurait venir des seuls éventuels regroupements car les concentrations sont limitées par le cadre juridique », prévient-il.
Forts besoins en formation.
Aux officinaux, dès lors, d’anticiper en développant des rayons spécialisés, avec des professionnels eux-mêmes spécialisés. D’où, a priori, une tendance à recruter plus d’adjoints que de préparateurs ; bien que ces derniers puissent également se former pour se spécialiser. Et cet « enrichissement intellectuel » devrait avoir pour corollaire « un turn-over moins élevé » ajoute encore Rémy Debeauvais. Avec, comme autre conséquence du développement de ces nouvelles activités et autres nouvelles missions, un développement des compétences associées et donc des besoins en formation plus importants.
À charge pour les pharmaciens de choisir le modèle de développement vers lequel ils veulent tendre : soit vers une spécialisation croissante et le développement de métiers spécialisés avec des vendeurs conseils spécialisés et le développement des métiers de la gestion et des achats ; soit davantage de polyvalence avec un développement à effectif constant et un renforcement des compétences des salariés (développement du conseil délivré par les pharmaciens et les préparateurs et développement de nouvelles activités avec les salariés en place).
Il n’en demeure pas moins vrai que « la plupart des nouvelles missions seront plutôt réalisées par le titulaire ou l’adjoint », concède Rémy Debeauvais. D’où la question de savoir si cette évolution ne risque pas d’avoir un impact sur l’embauche d’adjoints au détriment de préparateurs ?
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