Le Quotidien du pharmacien. Dans quel esprit avez-vous engagé cette réforme des règles de communication au sein du code de déontologie ?
Alain Delgutte.- Ce chantier a été ouvert car de nombreuses interrogations remontaient des conseils régionaux concernant notamment la communication sur Internet, la présence sur Facebook ou même simplement la distribution de leaflets… Les confrères s'interrogeaient sur ce qui était possible ou pas et les conseils régionaux avaient parfois du mal à répondre à ces demandes. Le code actuel ne fait par exemple aucune référence aux réseaux sociaux, pour la simple et bonne raison que ceux-ci n'existaient pas lors de sa rédaction. Ce qui a prévalu dans notre réflexion, c'était de limiter ou d'interdire tout ce qui pouvait être contraire à la préservation de la santé publique. Autrement dit, toute promotion sur le médicament. Il s'agissait aussi de garantir une égalité de moyens entre toutes les officines, notamment en termes de communication.
Quels ont été les principes directeurs de ces nouvelles dispositions ?
Avant tout, bien différencier le médicament des autres produits dispensés à l'officine. L'autre objectif étant d'encadrer l'ensemble des moyens de communication, notamment en rédigeant plusieurs articles sur Internet et les nouvelles technologies. Expliquer enfin aux pharmaciens la possibilité qui est la leur de communiquer sur les produits qui ne relèvent pas du monopole et/ou les services proposés à leurs patients.
Parmi les nouveautés, la possibilité de diffuser des cartes de fidélité se trouve précisée.
Avec les dispositions actuelles, une officine donnée ne pouvait pas distribuer de carte de fidélité en son nom. En revanche, les cartes proposées par certains laboratoires ou groupements n'étaient pas interdites. De même que les cartes portant le nom de deux officines.
Le nouvel article sur les cartes de fidélité, qui au passage a été proposé par le Conseil central A, vise à interdire la fidélisation de la clientèle uniquement sur le médicament et sur les missions de la loi HPST. Tout ce qui est hors monopole - parapharmacie et autres marchés concurrentiels - peut être promu par des cartes au nom de l'officine.
Le texte adopté prévoit que des véhicules arborant le nom de l'officine peuvent désormais circuler. Est-ce vraiment nouveau ?
Oui. Car avant le nouveau texte, seul le nom du pharmacien pouvait être affiché, avec éventuellement une spécialité accolée. Ce qui était un peu ridicule… Dès que les nouvelles dispositions seront publiées, le nom de l'officine et les activités autorisées pourront figurer sur la voiture de la pharmacie. De même une pré-enseigne, portant la dénomination de l'officine, pourra être disposée à proximité immédiate de celle-ci.
Autre grande nouveauté de ce code : les groupements et réseaux font leur entrée dans le texte. Pourquoi ?
Cela fait partie des grandes évolutions de ce code. Encore une fois, nous avons souhaité coller à la réalité de l'officine d'aujourd'hui. Cet article reconnaît ainsi, et encadre, les campagnes de prévention ou de promotion de la santé publique menées par les groupements. Ce faisant, il n'était pas question pour nous de faire une discrimination entre les pharmacies qui ont fait le choix d'adhérer à un groupement, et les autres. Ce que nous ne voulons pas, c'est que le groupement communique au nom de la pharmacie adhérente lors de ces campagnes. Il faut préserver la démarche volontaire du patient qui demandera à son pharmacien s'il participe à la campagne dont il a vu l'affichage. Notre principale préoccupation, tout au long des travaux que nous avons menés avec nos partenaires, a été de déterminer des règles s'appuyant sur une seule ligne directrice : la protection de la santé publique.
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