LORSQU’ILS envisagent de céder leur officine, les titulaires ont des motivations assez diverses. Le plus souvent, il s’agit de capitaliser son patrimoine professionnel pour se réinstaller ensuite, ou de diversifier son patrimoine en réalisant, par exemple, des investissements personnels. Certains, aussi, vendent pour anticiper une éventuelle baisse des prix de cession, ou pour se réinstaller plus tard, lorsque les prix auront baissé. Enfin, certains pharmaciens cèdent leur officine individuelle pour se réinstaller en association ou, en tout cas, dans une structure plus adaptée, et d’autres encore pour des motifs personnels ou pour partir à la retraite. « Lors de la cession de l’officine, l’une des motivations est souvent que le titulaire ne souhaite pas s’investir dans de nouvelles missions. Mais, dans la très grande majorité des cas, les titulaires sont aussi à la recherche d’un avantage fiscal, à savoir l’exonération des plus-values de cession. Or cet avantage ne va peut-être pas perdurer », explique Jean-Marie Sabourin, expert-comptable à Poitiers et membre du réseau CGP.
La cession de l’officine entraîne des problématiques qui doivent être prises en compte, expliquent les experts-comptables de CGP. Notamment, il faut s’interroger sur le point de savoir ce que vaudront les pharmacies dans cinq ans, et si l’on ne risque pas d’avoir des valeurs de marché inférieures aux valeurs de reprise actuelles, compte tenu des baisses de rentabilité, de la baisse de la démographie et de l’absence, pour l’instant, d’ouverture du capital des sociétés.
Dans un second temps, il faut comparer, en cas de départ à la retraite, le gain procuré par une cession immédiate avec exonération de la plus-value, avec les gains réalisés lors d’une cession ultérieure grâce aux revenus dégagés de l’activité pendant les deux années suivantes. Ainsi, si ces revenus supplémentaires sont supérieurs aux gains de l’exonération, une cession ultérieure serait plus judicieuse, à condition toutefois que le prix de cession de l’officine reste le même.
Restructuration et acquisition.
Avant de céder l’officine, on peut également envisager de la restructurer, expliquent les experts-comptables de CGP. Pour cela, il faut savoir si l’officine constitue ou non un bon outil de travail, en termes de taille, d’environnement, d’emplacement, ou encore de potentiel d’évolution. « La restructuration de l’officine peut constituer une alternative à la cession, mais si le pharmacien dispose d’un outil de travail fragile, il est souvent préférable de le vendre et de se réinstaller. Inversement, si la pharmacie est considérée comme un bon outil de travail, la cession s’impose moins », indique Jean-Marie Sabourin.
Dans ce dernier cas, des décisions peuvent néanmoins s’imposer afin d’optimiser les revenus du patrimoine du pharmacien : s’associer avec son pharmacien adjoint, passer en société à l’IS, renégocier les emprunts pour accroître les revenus, transférer la pharmacie, se regrouper avec d’autres confrères…, par exemple.
Enfin, après avoir éventuellement cédé et (ou) restructuré l’officine, se pose la question de l’acquisition d’une nouvelle pharmacie. Investir dans une officine doit avoir pour objectif d’en vivre correctement. Or les experts de CGP rappellent que le temps de travail moyen d’un titulaire est de 50 heures par semaine, soit 216 heures par mois. Si l’on se base sur une rémunération équivalente à celle d’un pharmacien salarié payé au coefficient 600, on peut compter sur une rémunération nette mensuelle de 3 500 euros environ, soit 16,20 euros de l’heure. Pour un coefficient 800, la rémunération nette mensuelle est de 4 750 euros environ, soit 22 euros de l’heure…
Retour sur investissement.
En outre, pour acquérir l’officine, il est nécessaire de disposer d’un apport personnel minimum finançant les frais d’acquisition, le besoin en fonds de roulement et la trésorerie initiale (5 % du chiffre d’affaires hors taxes). Les exemples chiffrés des experts-comptables de CGP montrent que, dans tous les cas, l’acquisition est rentable si l’endettement n’est pas trop élevé, ce qui nécessite un apport suffisant et en adéquation avec le prix de l’officine.
Mais, inversement, l’apport personnel ne doit pas être démesuré. La rentabilité de l’investissement constitué par l’acquisition de l’officine, en effet, correspond à la rémunération de l’apport personnel, au moins égale aux intérêts perçus d’un placement sur les marchés financiers. Par exemple, pour un rendement annuel de 10 %, un apport personnel de 250 000 euros donnera, au terme de 10 ans, 650 000 euros. Pour générer un tel capital net de fiscalité, il faut dégager un prix de cession ultérieur de 880 000 euros, soit un prix du fonds de commerce correspondant à 65 % du chiffre d’affaires hors taxes. Si l’on achète la même officine avec un apport de 400 000 euros, il faut générer au bout de dix ans 1 036 000 euros de capital net, donc un prix de cession de 1 490 000 euros, soit 93 % du chiffre d’affaires hors taxes…
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