PRÉVENTION, dépistage, suivi des patients chroniques, préparation des doses à administrer, pharmacien correspondant, éducation thérapeutique du patient… Toutes ces missions peuvent être réalisées par des pharmaciens adjoints. Certains n’ont d’ailleurs pas attendu pour commencer à les mettre en œuvre à l’officine. C’est le cas de Claire Filloux, adjointe à Limoges, qui s’investit depuis six ans dans l’accompagnement des patients atteints de cancer. « Le pharmacien peut apporter beaucoup dans ce domaine, estime-t-elle. Il est plus simple pour un patient de venir à la pharmacie sans prendre de rendez-vous, pour trouver une personne capable de l’écouter et de répondre à ses questions. La pharmacie est un point d’accès facile au système de soin, à l’heure où les oncologues sont peu nombreux et difficilement joignables. » En 2005, avec l’accord de son titulaire de l’époque, Claire Filloux décide donc de se lancer dans l’accompagnement des patients dans le cadre des traitements oraux du cancer, en intégrant un réseau : Oncolim. Avec l’aide d’un oncologue du réseau, elle crée une section « pharmacie », qui n’existait pas auparavant. L’adjointe commence par suivre une formation en cancérologie. D’autres officinaux se joignent à elle : au total, la section officine en compte sept, plutôt bien accueillis par les cancérologues. « Au début, ces derniers ne savaient pas quel type de service les pharmaciens pouvaient rendre aux patients, se souvient Claire Filloux. Mais, très vite, ils ont été étonnés par notre implication et se sont rendu compte de notre utilité. Ils attendent de nous une remontée des informations en cas de modifications de posologie ou d’effets indésirables par exemple. »
Accompagnement des patients.
La section officine a beaucoup travaillé avec les pharmaciens hospitaliers, afin d’élaborer des fiches pratiques sur des médicaments utilisés dans le traitement du cancer. « Il y a deux types de fiches, explique l’adjointe. Les premières sont destinées à aider le pharmacien pour la dispensation des traitements oraux du cancer et les secondes sont un aide-mémoire pour le patient. Elles sont écrites dans un langage plus simple, accessible à tous. » Côté pharmacien, la fiche sur chaque médicament détaille le type de cancer qu’il permet de traiter, les modalités d’administration du produit, ses effets indésirables, les conseils à donner aux patients, etc. « Ces fiches permettent au pharmacien de disposer de toutes les informations importantes pour une bonne dispensation », note Claire Filloux.
Côté patient, des conseils pratiques sont prodigués : se laver les mains avant et après la prise des comprimés, rapporter ses médicaments non utilisés à l’officine, continuer à marcher, à maintenir une petite activité physique, etc. « Ces fiches rassurent vraiment les patients, elles les aident à mieux comprendre leur traitement et à se sentir accompagnés », observe Claire Filloux. Selon elle, « les nouvelles missions doivent être réparties au sein de l’équipe, en fonction des centres d’intérêt de chacun, car tout le monde ne peut pas tout faire ».
Dépistage du diabète.
Le dépistage est un autre service qui peut être proposé par les adjoints, de façon régulière ou occasionnelle. « Pendant la semaine du diabète, la caisse primaire d’assurance-maladie de Nantes a rémunéré les pharmaciens de la région pour effectuer des dépistages », témoigne Vanessa Martin, adjointe à Orvault. La rémunération était prévue pour dix tests. « Nous en avons réalisé 25, raconte-t-elle. La semaine précédente, nous avons informé les patients de l’opération grâce à des panneaux posés sur les comptoirs. Au début nous voulions mettre en place un système de rendez-vous, mais cela n’a pas très bien fonctionné. Les patients ont préféré venir à l’officine sans rendez-vous et se faire dépister directement. » Tous les membres de l’équipe ont participé, en s’aidant d’un organigramme de décision mis à leur disposition. « Nous avons d’abord complété une fiche avec le poids, la taille, les antécédents, l’activité physique, détaille Vanessa Martin. Ensuite, nous avons pris la glycémie à jeun ou à deux heures d’un repas. Si la valeur obtenue était limite, nous demandions au patient de revenir le lendemain pour recommencer la mesure. Si la nouvelle valeur était également limite, il était orienté vers son médecin. » Le succès de cette opération a incité Vanessa Martin à réfléchir au développement d’un autre service à l’officine : le dépistage cardio-vasculaire, proposé en partenariat avec le collectif des groupements (CNGPO). « Dans notre officine, une préparatrice et moi-même avons suivi la formation nécessaire. Nous n’avons pas encore eu le temps de mettre en place ce dépistage, mais l’opération diabète nous a bien motivées pour le faire », déclare-t-elle.
Éducation thérapeutique.
Autre champ d’action possible pour les adjoints : l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Après une formation par le biais de la plateforme ETP Alsace, en partenariat avec le groupement IFMO, Magali Dreger a mené une opération de suivi de l’observance des patients diabétiques dans la pharmacie où elle travaille, à Niederbronn-les-Bains. « J’ai mis cinq mois à réunir les informations nécessaires pour préparer le déroulé de l’entretien avec les patients, explique-t-elle. Puis, j’ai recruté les personnes intéressées en m’appuyant sur l’historique des sorties d’une molécule destinée au traitement du diabète. » Trente personnes ont été contactées. Finalement, six ont accepté de faire l’objet d’un suivi. « Quand on parle d’observance aux patients il faut être prudent, car ils ont parfois l’impression qu’on cherche à les "fliquer", note Magali Dreger. De plus, certains d’entre eux n’ont pas le temps et d’autres sont dans le déni de leur maladie. » Lorsque le patient accepte le suivi, un document est signé avec le pharmacien, afin de formaliser l’engagement. Un courrier est également envoyé au médecin pour le prévenir de la démarche. « J’ai commencé les premiers entretiens le 1er janvier 2011 », raconte Magali Dreger. Au total, le suivi se décline en trois rendez-vous, un par mois. « Lors du premier entretien, qui dure une heure à une heure et quart dans un espace de confidentialité, le patient est invité à remplir un questionnaire sur son observance, qui lui permet d’obtenir un "score d’observance", et un autre sur le diabète. On obtient parfois de belles surprises lorsqu’on vérifie les réponses ! » Puis, le patient doit prendre sa glycémie, sous le regard attentif de l’adjointe, qui corrige les éventuelles erreurs. Enfin, un plan de prise des médicaments est élaboré. « Pour cela, le patient doit apporter son ordonnance ou un sachet avec ses médicaments, détaille l’adjointe. Je lui explique pourquoi il faut prendre certains médicaments à une heure précise et j’élabore un tableau hebdomadaire de prises, avec des cases à cocher quand la personne prend ses médicaments. » À l’issue de l’entretien, le patient repart aussi avec des brochures, notamment sur l’autosurveillance glycémique. Lors du deuxième rendez-vous, la discussion est plus rapide et peut s’effectuer au comptoir. « On vérifie simplement le tableau de suivi avec le patient et il repart avec un nouveau tableau. » Enfin, le troisième et dernier rendez-vous, à l’issue du troisième mois, permet de faire le bilan. Le patient doit à nouveau remplir les questionnaires et prendre sa glycémie, afin de constater les éventuels progrès effectués. « Cette étude s’est arrêtée en mars, indique Magali Dreger. Et même si c’est chronophage, j’aimerais beaucoup reconduire cette démarche. J’ai senti que j’avais vraiment quelque chose à apporter aux patients. »
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