Le Quotidien du pharmacien. Les dispositifs mis en place par les groupements pour aider les jeunes à s'installer répondent-ils aux aspirations des candidats ?
Guillaume Campo. De nombreux acheteurs se portent candidats pour des reprises de pharmacies sans avoir l’apport théoriquement nécessaire (20 % du prix d'achat). Au-delà des aides familiales, il faut bien souvent avoir recours à l'aide d'un tiers pour accéder au poste de titulaire à un jeune âge.
L'idéal aujourd'hui pour un jeune avec un apport limité pourrait être la cession progressive des parts par un pharmacien vendeur ou l'aide au financement par un confrère investisseur « dormant », avec cession progressive de ses parts. Les groupements, quant à eux, sont des sociétés capitalistiques qui, tout naturellement, attendent un retour sur leur investissement.
Si aujourd'hui les groupements proposent ce genre d'aide au financement, c'est qu'ils répondent à un besoin réel, que les pharmaciens investisseurs n'arrivent pas à satisfaire seuls. De plus, l'approche « packagée » des offres des groupements (achats, merchandising, RH…) séduit de plus en plus les jeunes acquéreurs.
Est-il pertinent que les groupements se substituent pour partie aux banques ? Par ailleurs, peut-on parler de défaillances du marché bancaire actuel ?
Les taux bancaires, bien que repartant à la hausse cette année, restent tout de même excessivement bas. Est-ce là la raison de la prudence de certains organismes bancaires ? Difficile de se prononcer en leur nom.
En tout cas, je ne pense pas que l'on puisse parler de défaillance du système bancaire. Les dossiers solides sont toujours financés. La pharmacie, malgré des sommes très importantes, conserve une bonne cote auprès des banques. Pas autant qu'il y a dix ans certes mais cela reste correct. On voit en effet que les établissements bancaires se lancent désormais quand ils ont de réelles garanties sur le projet et également sur le porteur du projet.
L'appui d'un groupement national est donc pertinent ; il peut constituer une garantie de poids de par la dynamique qu'il insuffle au projet et également de par le fait qu'il devient en quelque sorte "solidaire" de la banque en pariant sur un projet. Il allège ainsi le montant de l'emprunt à solliciter en augmentant l'apport du futur titulaire.
Pensez-vous que les dispositifs mis en place par les groupements puissent constituer un barrage dans l'éventualité d'une ouverture du capital ?
Le groupement Galien Développement qui avait un réel caractère spéculatif, a aujourd'hui périclité, son modèle économique ne reposant que sur l'ouverture rapide du capital et la possibilité de conversion en actions à court terme des obligations émises.
Les groupements se lançant aujourd'hui dans le financement n'ont pas besoin de cela pour fonctionner. Leur vocation première est l'accompagnement dans les achats, la mise en œuvre de services, de nouvelles missions, et ce bien avant de s'ouvrir à ces nouvelles perspectives financières.
Le caractère spéculatif est donc moins évident que chez Galien Développement. Ceci est d'autant plus vrai que l'ouverture du capital n’est pas à l'ordre du jour de l’actuel gouvernement.
Aider un jeune pharmacien à s'installer permet de conserver le monopole du capital puisque le pharmacien reste seul propriétaire. Mais l'action ne peut être philanthrope pour autant. À l'instar d'un établissement bancaire, le groupement se doit de choisir des projets solides ou stratégiques pour limiter le risque financier.
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