L’ENVIRONNEMENT économique des officines a été difficile en 2001 : le chiffre d’affaires moyen a augmenté de 1 % seulement, dans la continuité de l’année précédente ; le taux moyen de marge commerciale après remises a stagné pour s’établir désormais à 27,7 %, malgré l’effet des médicaments génériques ; le taux moyen d’excédent brut d’exploitation (EBE) s’est stabilisé à hauteur de 10,9 % du chiffre d’affaires, mais a continué de progresser moins vite que l’inflation ; et le nombre de procédures collectives, enfin, s’est accru, puisqu’on a comptabilisé 138 officines ayant fait l’objet d’un redressement judiciaire, d’une liquidation judiciaire ou d’une procédure de sauvegarde.
Malgré cela, le marché des transactions a fortement progressé en volume l’an dernier, comme le révèle l’étude statistique de la société Interfimo présentée à Pharmagora. Avec 15 % de mutations supplémentaires enregistrées en 2001, « le marché est reparti », commente Luc Fialletout, Directeur général de la filiale du Crédit Lyonnais. On a recensé précisément 1 250 cessions de fonds en 2011, qui, ajoutées au nombre de cessions de parts sociales, ont conduit à environ 1 550 changements de titulaires l’an passé.
La raison principale de cette animation du marché : les départs à la retraite de titulaires : 1 395 pharmaciens ont en effet liquidé leur pension de retraite en 2011, soit une augmentation de 2,3 % par rapport à 2010. « Ces départs sont une tendance lourde, commente Luc Fialletout : en raison de la pyramide des âges des pharmaciens, il devrait y avoir encore plus de départs en retraite cette année. On devrait donc assister à une nouvelle vague de cessions d’officines dans les prochains mois. » À noter toutefois que ces cessions sont assez localisées. Les plus nombreuses sont en effet constatées dans le Nord-Pas-de-Calais, en Bretagne, en Languedoc-Roussillon et dans le Limousin.
Prix à 84 % du CA.
Côté prix, la moyenne des transactions s’est effectuée à hauteur de 84 % du chiffre d’affaires TTC, soit deux points de moins qu’en 2010, et sept points de moins en trois ans. 2011 est ainsi la troisième année consécutive où le prix moyen des cessions de pharmacies est en baisse. Si l’on prend en compte la typologie des officines, celles qui sont situées en centre commercial ont désormais un prix de cession moyen de 92 % du CA TTC, contre 85 % pour les officines rurales, 84 % pour les officines de centre-ville et 81 % pour les officines de quartier.
Le niveau de chiffre d’affaires des officines joue également sur leur prix de cession : comme toujours, ce sont les pharmacies à fort chiffre d’affaires qui se vendent le plus cher. En 2011, l’écart de prix moyen entre les officines qui font plus ou au contraire moins de 1 500 000 euros de chiffre d’affaires est de neuf points. Mais il faut noter aussi que le marché des petites officines (vendues à moins de 65 % de leur chiffre d’affaires TTC) s’est paradoxalement beaucoup développé en 2011. Il représente dorénavant 10 % du nombre total des transactions. Au contraire, les transactions à plus de 100 % du CA TTC disparaissent progressivement du marché : elles ne représentent plus que 9 % de ce marché, contre 25 % il y a cinq ans.
Bien entendu, les régions de France les plus chères en termes de prix de cession restent celles du sud (Aquitaine, Languedoc-Roussillon, PACA), auxquelles il faut ajouter l’Alsace. Inversement, l’Ile-de-France fait toujours partie des régions les moins chères. Quelques régions se distinguent également, en 2011, par des évolutions marquées à la hausse ou à la baisse.
Ainsi, la Basse-Normandie et le Nord-Pas-de-Calais sont en hausse de quatre points, mais après des chutes de prix très importantes en 2010 (respectivement moins onze et moins cinq points). Par ailleurs, cinq régions baissent de quatre à cinq points : l’Alsace, le Centre, le Languedoc-Roussillon, le Limousin et la Lorraine. À l’inverse des précédentes, ces régions avaient connu des variations de prix modérées en 2010.
« Plus aucune région n’approche ou ne dépasse un prix moyen de 100 % du chiffre d’affaires TTC, fait remarquer Luc Fialletout. En outre, le critère géographique est de moins en moins déterminant pour la valorisation des prix de cession. Il est même en train de s’effacer des caractéristiques du marché, au profit du critère de taille et de chiffre d’affaires. »
Les SEL, encore et toujours.
Dernière grande caractéristique du marché des transactions en 2011 : les modalités de rachat. Plus que jamais, la majorité des nouvelles installations s’effectue en société d’exercice libéral (SEL), et particulièrement en SELARL ou parfois en SELURL ou en SELAS. « Personne ou presque, aujourd’hui, ne choisit de s’installer en entreprise individuelle ou en SNC, sauf peut-être dans le cas des cessions de toutes petites officines, à moins de 65 % du chiffre d’affaires. La pharmacie individuelle disparaît du marché des transactions et devrait donc disparaître aussi, à terme, du paysage officinal », note encore Luc Fialletout.
Au total, après les cessions de 2011, 29 % des officines sont désormais exploitées en SEL, et l’on peut prévoir un chiffre supérieur à 50 % d’ici à cinq ans. Si l’on ajoute au nombre de SELARL celui des SELAS qui a un peu augmenté en 2011 pour des raisons d’opportunité - le pharmacien d’une SELAS peut, depuis un an, bénéficier du statut social des non-salariés -, le pharmacien français sera ainsi passé, en dix ans, du statut de travailleur indépendant à celui d’associé de SEL.
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