Transfet à rebondissement en Charente-Maritime

Le pôle médical attend sa pharmacie

Publié le 09/05/2016
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Déjà refusé pour cause de population inférieure à 2 500 habitants, le transfert d’une pharmacie à Semussac (Charente-Maritime) pourrait rebondir, par voie d’ordonnance.
Muriel Burgard joue la survie de son officine

Muriel Burgard joue la survie de son officine
Crédit photo : P. Jayat

« Notre pôle médical, ouvert en 2015, accueille deux médecins, deux kinésithérapeutes, un infirmier, un podologue et un dentiste ; il ne manque qu’une pharmacie, explique Michèle Carré, maire de Semussac, en Charente-Maritime. Tout était prêt : l’emplacement, le permis de construire… mais l’autorisation de transfert a été refusée par l’ARS, car notre commune n’a pas 2 500 habitants. »

Un seuil à reconsidérer, pour la maire déçue : « La population prise en compte (2 198 habitants) est celle du recensement de 2013. Or, depuis, notre population a augmenté, nous avons signé plus d’une centaine de permis de construire. La situation est d’autant plus injuste qu’il y a deux pharmacies sur la commune voisine de Cozes (2 067 habitants). » C’est donc au nom d’une répartition plus équilibrée des officines que Michèle Carré a invité ses administrés à signer une pétition en faveur du transfert à Semussac d’une officine de… Cozes.

En effet, la candidate au transfert, Muriel Burgard, est titulaire à Cozes. Originaire du Sud-Ouest, elle décide en 2009 de céder son officine strasbourgeoise pour revenir dans la région, sans se douter que ce retour prendra des allures de calvaire. En 2010, elle reprend la pharmacie des Tournesols à Cozes. L’année suivante, surprise : son unique confrère et concurrent, transfère son officine sur un lieu plus passant, à l’entrée du bourg. Résultat : elle perd 50 % de son chiffre d’affaires. Cessation de paiement, coupures de livraisons des grossistes, pénurie de médicaments pour les clients, paiements « au cul du camion », pénalités des laboratoires, huissiers… Et pour compléter le tout, un accident de voiture, doublé d’un AVC, l’oblige à multiplier les remplaçants…

Une période noire durant laquelle, elle a trouvé « la profession bien silencieuse… » Et si l’officine respire un peu mieux depuis deux ans, elle n’est pas tirée d’affaire. C’est pourquoi, elle envisage un transfert sur Semussac : « A Cozes, le village s’effondre, la population diminue, les médecins partent. »

Transfert vital

Elle encourage la maire de Semussac à préparer l’avenir en créant un pôle médical, avec une officine. Face au refus de l’ARS, elle propose de faire un nouveau recensement à ses frais, refusé par l’INSEE. Du coup, elle introduit un recours contentieux auprès du tribunal administratif. Entre-temps, la loi qui assouplit les conditions de transfert, apporte de l’eau à son moulin. Un sénateur de la région prend fait et cause pour son combat, porte le dossier au ministère qui pourrait, au second semestre 2016, statuer par ordonnance sur sa demande de transfert.

D’ici là, elle devra continuer à se débattre avec un endettement très important. Heureusement, en cas de transfert, la mairie de Semussac fournira les locaux et, avec eux, le ballon d’oxygène que Muriel Burgard attend depuis cinq ans. « Ce transfert, c’est la logique. Et la survie ! » conclut-elle.

Patrice Jayat

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3263