LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les salariés des très petites entreprises (TPE) sont-ils les oubliés du syndicalisme ?
MICHEL LALLEMENT.- En France, comme dans de nombreux autres pays, le syndicalisme se concentre dans quelques poches dont, au premier chef, la fonction publique et les grandes entreprises du secteur industriel. Les TPE ressemblent quant à elles à des déserts syndicaux. Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que les organisations syndicales représentatives ne peuvent nommer de délégués syndicaux que dans les entreprises de plus de 50 salariés. Il existe certes d’autres institutions représentatives des intérêts salariés, comme c’est le cas avec les délégués du personnel. Mais les moyens dont ces derniers disposent sont plus faibles. La réalité des relations sociales dans les TPE est qu’elle ne favorise pas l’implantation syndicale. Les petites entreprises fonctionnent à l’interconnaissance, le paternalisme reste une réalité forte, les difficultés se règlent au cas par cas et de façon individuelle.
Les conditions de travail sont-elles devenues si difficiles qu’on ait besoin de se syndiquer ?
Les enquêtes sur les conditions de travail montrent que, au cours des années 1990, l’on a assisté à un mouvement d’intensification du travail, qui a pris notamment la forme de maux physiques. Les formes d’organisation du travail « post-tayloriennes », qui donnent plus de latitudes aux salariés pour travailler de façon autonome, sont porteuses de nouvelles contraintes. Il faut travailler vite et répondre non seulement aux exigences de son supérieur hiérarchique, mais aussi à celle de ses pairs et surtout du client. Face à tout cela, les réactions ne conduisent pas nécessairement à un « besoin » de syndicalisation. Quand tout va mal, et parce que l’éthique de la responsabilité individuelle a envahi le monde du travail, beaucoup le prennent sur eux plutôt que de songer à agir de façon collective, avec les organisations syndicales notamment.
Comment expliquez-vous, dans ce contexte, le faible taux d’adhésion syndicale ?
La France est des pays occidentaux où le taux de syndicalisation est particulièrement faible. Il est vrai que les données ne sont pas complètement fiables et encore moins comparables avec celles d’autres pays. On estime que, au mieux, un salarié sur dix est aujourd’hui syndiqué en France. Les cadres sont les plus impliqués, avec un taux de syndicalisation de 13 %. Ils sont plus mobilisés que les ouvriers et les employés, qui oscillent entre 5 et 6 %. Plusieurs tendances peuvent expliquer ce phénomène : déclin des grands bastions industriels qui constituaient le cœur du syndicalisme, émergence de nouvelles formes de protestation, peur du chômage qui incite peu à s’engager au plan syndical. De plus, depuis longtemps déjà, le syndicalisme français a fait le choix d’agir en s’appuyant sur une minorité organisée plutôt que de recourir à un large ensemble de militants.
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