Sur le plan économique, 2010 aura été une année difficile pour les officines : le chiffre d’affaires a augmenté de 1 % environ en moyenne, la marge commerciale a faiblement progressé et l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui mesure la rentabilité d’une pharmacie, est resté stable. Surtout, on a constaté en 2010 un nombre record d’ouvertures de procédures collectives, c’est-à-dire de défaillances ou de cessations de paiement : 140 sur l’ensemble de l’année, soit 25 % de plus qu’en 2009. « Près d’un tiers de ces faillites ou quasi-faillites concernent d’ailleurs des pharmacies situées en Ile-de-France », note Luc Fialletout, directeur général d’Interfimo.
Dans ce contexte, on pouvait s’attendre à des répercussions négatives pour les transactions d’officines. Mais cela n’a pas été tout à fait le cas. Le prix de vente moyen a légèrement baissé depuis 2009, mais de deux points seulement. Il s’élève désormais, pour l’ensemble du territoire, à 86 % du chiffre d’affaires TTC, dans un marché où le nombre global des transactions a, quant à lui, très légèrement progressé. Interfimo a relevé en effet l’an dernier 1 090 cessions de fonds (soit 2 % de plus qu’en 2009), auxquelles s’ajoutent les cessions de parts sociales. Au total, plus de 1 400 officines ont ainsi changé de mains. Pour les analystes d’Interfimo, cette relative animation du marché tient surtout au nombre de départs à la retraite de titulaires, qui a augmenté de 4,5 % en 2010, et qui devrait continuer d’augmenter dans les prochaines années.
Forte dispersion des prix.
Bien entendu, le prix de cession moyen de 86 % sur la France entière n’est pas homogène et masque au contraire de fortes disparités.
Celles-ci sont d’abord régionales. En effet, si les prix sont globalement en légère baisse dans une majorité de régions, cette tendance étant plus marquée, par exemple, en Provences-Alpes-Côte d’Azur (- 6 points), en Basse-Normandie (- 11 points) ou en Midi-Pyrénées (- 5 points). Inversement, les prix augmentent dans quatre régions seulement : en Corse (+ 7 points), en Champagne-Ardenne (+ 3 points), en Alsace (+ 1 point) et en Lorraine (+ 1 point). À noter aussi que si les prix moyens baissent de deux points en Ile-de-France, ils restent à peu près stables dans la capitale, à 81 % du chiffre d’affaires TTC.
Disparités également selon la taille des officines : en 2010, l’écart de prix moyen entre les petites officines (moins de 800 000 euros de chiffre d’affaires) et les plus importantes (plus de 2 000 000 d’euros) est de 19 points, alors qu’il n’était que de 15 points en 2009. La raison de cet écart de prix qui s’accentue tient au fait que les petites officines sont celles dont les prix ont le plus baissé ces dernières années.
Disparités, enfin, selon le type d’officine : comme les années précédentes, les pharmacies de centres commerciaux, qui réalisent en général de gros chiffre d’affaires, sont les plus fortement appréciées. « Leur prix moyen de 94 % est resté stable en 2010, mais il avait chuté de 10 points en 2009 », relève Interfimo. À l’opposé, les pharmacies de quartier continuent d’être les plus faiblement valorisées, et perdent même trois points par rapport à 2009, à 83 % du chiffre d’affaires TTC en moyenne.
Trop cher.
Dans la grande majorité des cas, et malgré la tendance à la baisse de prix observée en 2010, les officines se vendent encore très cher - et même trop cher - par rapport à leur rentabilité réelle. C’est, en tout cas, ce que soulignent les spécialistes d’Interfimo : en 2010, les officines se sont vendues en moyenne à un prix égal à 8,1 fois leur excédent brut d’exploitation (EBE), alors que, en 2000, la majorité des cessions étaient inscrites dans un chiffre compris entre 5 et 6,5 fois l’EBE. « À Paris, par exemple, les officines se vendent en moyenne à 9 fois l’EBE, Paris étant pourtant l’une des villes où la rentabilité est la moins bonne, en raison notamment des loyers élevés et des amplitudes d’ouverture importantes », note Luc Fialletout.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
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