VINGT-QUATRE pharmaciens du cognaçais ont mis la main à la poche pour éponger les dettes de la pharmacie Guillebon, sise place François-1er, en cœur de ville du vieux Cognac. Leur projet a été validé et accepté par le tribunal de commerce, le 21 décembre dernier, la Cour ayant préféré cette offre à celle d’une jeune diplômée à la recherche d’une installation. Le chiffre de 120 000 euros est avancé, le groupe d’officinaux n’ayant par ailleurs aucune intention de relancer l’affaire. Le stock devrait être récupéré par le répartiteur qui l’a livré, et le site se transformer en un autre commerce, sur un emplacement très couru des chalands. Au-delà des faits, l’initiative était motivée par trois raisons, comme le rappelle Pierre Gavid, titulaire de la pharmacie Saint-Martin, et ancien président de l’Ordre régional : « Il y avait un motif de solidarité vis-à-vis d’un confrère qui n’avait pas démérité, une volonté de ne pas laisser se réaliser un transfert, qui avait de toute manière peu de chance d’être approuvé par l’ARS, et un coup de frein à toute nouvelle installation. Cognac est saturé en matière de pharmacies, et nous ne souhaitons pas voir d’autres officines se retrouver dans une situation identique. » Des arguments qui auront fait la différence devant le tribunal. C’est Stéphane Marot, de la pharmacie Victor Hugo, qui a présenté le dossier. « La Cour a pris en compte la réalité des faits, résume-t-il, et la décision est désormais définitive. Nous allons avoir une licence en moins dans un environnement déjà très chargé, et éviter peut-être à d’autres de subir de tels avatars. Nous avons réussi l’union sur cette affaire, parce qu’il le fallait, c’était nécessaire. » Pour l’instant, la pharmacie Guillebon reste en l’état, le temps que l’administration et les liquidateurs fassent leur office. Ensuite, vraisemblablement, un autre commerce prendra la place, mais aucune officine ne pourra s’y installer.
Solidaires et responsables.
« Depuis deux ans notre malheureux confrère connaissait d’importantes difficultés, rappelle l’ancien président de l’Ordre. Nous avons fait œuvre de pragmatisme, mais aussi de civisme, dans cette affaire. Pour une fois, la profession a su se rassembler autour d’un même objectif. Notre participation permettra de payer les dettes les plus urgentes, et de dégager l’ancien titulaire, connu de tous, sérieux et apprécié, de ses soucis. Il a subi les problèmes de nombreuses pharmacies de centre-ville, confrontées aux aléas du stationnement, qui voient leurs clients les déserter. Cette décision judiciaire nous satisfait, bien sûr, mais elle ne doit pas occulter les problèmes des pharmaciens cognaçais, assujettis ici comme partout ailleurs aux difficultés actuelles, au discount, etc.. Cette histoire reste exemplaire, car nous avons prouvé, que, en cas de nécessité, nous pouvions, nous indépendants, faire face, solidairement, pour le bien commun. »
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