CELA ne se passera pas comme ça. Les pharmacies qui ouvrent le dimanche à Paris sont remontées contre le projet de refonte du système de garde envisagé par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France (voir « le Quotidien » du 17 février). Ce projet prévoit d’avoir désormais 50 à 60 officines ouvertes le dimanche (au lieu de 125 aujourd’hui) et mieux réparties dans la capitale. La solution avancée est donc l’ouverture alternative, une semaine sur deux. Une solution proposée par les syndicats d’officinaux et privilégiée par l’ARS. Elle est absurde et propice à créer la confusion parmi la population parisienne, clament les titulaires concernés. Constitués en collectif, ces derniers ont lancé une pétition, il y a trois semaines. L’objectif des 100 000 signatures n’est pas atteint, mais près de 50 000 clients ont tout de même paraphé le registre invitant à défendre l’ouverture dominicale de leur pharmacie. « J’ai recueilli plus de 3 000 signatures en 3 semaines », rapporte Bruno Bader, installé sur le boulevard Saint Michel, qui compte parmi les signataires l’ancien Premier ministre, Lionel Jospin. Il dispose du soutien de nombreux Parisiens qui se disent prêts à descendre dans la rue pour défendre le système actuel. Le maire du 6e arrondissement de Paris lui a également apporté son soutien. « Cette garde médicale équivaut à une véritable mission de service public pour les Parisiens, notamment les plus âgés d’entre eux », affirme Jean-Pierre Lecoq, qui promet d’évoquer ce sujet avec ses collègues et avec le Maire de Paris.
Économies de santé.
Pour se faire entendre, les 125 titulaires qui ouvrent leur officine le dimanche mettent en avant le service de santé publique, bien avant une rentabilité de l’ouverture dominicale. « Elle est moindre que pour un autre jour de la semaine », estime Laurent Sebban, porte-parole du collectif des pharmaciens, lui-même installé dans le 20e arrondissement de la capitale. C’est la prise en charge des urgences à l’officine qui est mise en avant. « Nous en traitons en moyenne 230 par dimanche et par pharmacie », affirme t-il. Au total, selon lui, ce sont donc 1,7 million d’urgences (soins de premier recours, pilules du lendemain, laits infantiles, etc.) qui sont traitées chaque année dans les officines parisiennes, dont 1,4 million sans passer par un service médical. « Si l’on réduit de moitié le nombre d’officines ouvertes, nous aurons jusqu’à 400 urgences à traiter le dimanche. En terme de stock et de personnel, cela deviendrait très difficile », souligne Laurent Sebban. On peut aussi penser que, ne sachant pas si l’officine la plus proche est ouverte, les Parisiens auront tendance à se rendre au service des urgences. Avec, à la clé, selon le porte-parole des pharmaciens, 100 000 nouvelles urgences par an, dont le coût est évalué à 400 euros par consultation. « Nous ne voulons pas le versement d’honoraires de garde, nous voulons le maintien d’un service qui donne satisfaction aux Parisiens et aux touristes », assure Laurent Sebban.
Ces arguments économiques doivent être présentés au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, par le collectif de pharmaciens. Ils demandent à le rencontrer pour infléchir la position de l’ARS d’Ile-de-France. Celle-ci doit faire parvenir à chaque officine de la capitale un questionnaire, en avril, pour connaître le nombre de pharmacies prêtes à s’engager dans l’ouverture dominicale. La question sera ensuite tranchée mi-mai, pour une entrée en vigueur du nouveau système au début du mois d’octobre.
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