LES DÉPUTÉS viennent d’adopter le projet de loi sur le renforcement de la sécurité sanitaire du médicament, dont l’objectif est de réformer le contrôle des spécialités en France. Un an après l’éclatement de l’affaire du Mediator, le gouvernement entendait bien renforcer la surveillance des produits de santé dans l’Hexagone. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, ne cesse d’ailleurs de le répéter, il doit y avoir « un avant et un après Mediator ». Plus grande transparence dans les liens d’intérêts entre les professionnels de la santé et l’industrie pharmaceutique, mais aussi nouvelle gouvernance avec la création de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en remplacement de l’AFSSAPS*, tels sont les principaux enjeux de cette réforme. Avec un objectif, explique Xavier Bertrand, « redonner confiance aux Français dans notre système du médicament ». C’est loin d’être gagné. Car, même en changeant tout le dispositif, le doute s’est installé dans la tête des Français. Aujourd’hui, le sentiment d’insécurité médicamenteuse a gagné les esprits. Et de nombreux journaux grand public n’hésitent plus depuis quelques mois à faire leur « une » sur les risques potentiels de certaines spécialités. Parfois même, en forçant le trait. Le 30 septembre dernier, le quotidien « Le Monde » titrait ainsi : « Sous surveillance ou déjà interdits, la vraie liste des médicaments dangereux ». À lire, on réalise qu’il s’agit seulement de la version actualisée de la liste des médicaments sous surveillance élaborée par l’AFSSAPS en janvier dernier. Accompagné de la mention « exclusif », le magazine « Sciences et avenir » consacre son dossier d’octobre à « Ces médicaments qui favorisent Alzheimer ». Dans ce dossier, le Pr Bernard Bégaud, pharmacologue et épidémiologiste à Bordeaux, révèle les premiers résultats d’une étude sur les benzodiazépines qu’il s’apprête à publier avant la fin de l’année. Selon elle, la consommation au long court de ces molécules favoriserait l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Mais pour le magazine ces résultats sont « suffisamment graves » pour qu’il alerte ses lecteurs. Le Pr Bernard Bégaud est, lui, nettement plus nuancé. « Nous ne disons pas qu’il y a un lien direct entre la consommation – a fortiori justifiée – de ces produits et l’apparition d’une démence type Alzheimer, a-t-il cru bon de préciser sur France Info. C’est majeur de le dire pour la population. »
Le médicament Protelos bénéficie, lui aussi, d’un traitement « particulier » ces derniers temps dans la presse. Pourtant, les autorités sanitaires, qui l’ont mis sous surveillance renforcée depuis 2007, ne semblent pas décidées à l’interdire pour le moment. « Compte tenu de la persistance des effets indésirables, la commission d’AMM** s’est prononcée en faveur d’une réévaluation du rapport bénéfice/risque au niveau européen, indique l’AFSSAPS dans un communiqué daté du 29 septembre. Néanmoins, le médicament montrant une efficacité dans la réduction des fractures vertébrales et de la hanche, la commission d’AMM ne s’est pas prononcée en faveur d’une décision de suspension immédiate. »
À la lecture de tous ces articles, on comprend que l’enjeu de la réforme n’est pas seulement de redonner confiance dans le médicament, mais plus largement dans les autorités de contrôle soupçonnées de ne pas avoir joué suffisamment leur rôle dans l’affaire du Mediator.
** Autorisation de mise sur le marché.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin