Partant du constat que sa pharmacie de 80 m2 ne pouvait pas accueillir pour un dépistage Covid des malades potentiels pouvant transmettre le virus en croisant des patients sains, ce confrère a eu l'idée de sortir cette activité des murs des officines.
« Les médecins ne sont pas opérationnels pour les tests, les infirmiers sont des partenaires essentiels de la médecine de ville, mais ils ont souvent des cabinets trop petits. Je me suis donc adressé au maire, Jean-Dominique Bourdin, pour trouver un lieu en dehors de nos murs. Je pensais devoir attendre une réponse, il m'a dit oui en cinq minutes. »
La ville a donc dressé un barnum de 30 m2, cours Cussy, sur le domaine public, à un endroit central entre la mairie et la cathédrale, mais sur une voie non passante.
Christophe Lepas a ensuite contacté ses confrères de Coutances : Sylvie Helaine, de la pharmacie Fichet-Helaine, Marie Lemoigne, de la pharmacie Ruche, et Christophe Mahé, de la pharmacie Centrale. Tous ont accepté de participer.
Convaincre les seize infirmiers de la commune n'a pas posé plus de problèmes, et, depuis le vendredi 13 novembre, tous ces soignants accueillent sous la tente les candidats au test, tous les jours (sauf mercredi, samedi et dimanche) de 14 heures à 16 heures L'infirmier pratique le test rhino-pharyngé, le pharmacien l'analyse, le résultat est connu peu après. Chacun facture sa part.
« Nous sommes dans un endroit central, pratique, sous un abri coupé du vent, les patients peuvent attendre sous un porche, précise Christophe Lepas. J'avais aussi informé le laboratoire avec qui nous sommes en bonne entente. Le labo travaille pour tout le Coutançais, 30 à 40 km à la ronde, et pratique un millier de tests par jour, en flux tendu, avec un taux de positivité de 20 %. »
Une semaine après le démarrage, pharmaciens et infirmiers réalisent quant à eux une quinzaine de tests par jour.
Christophe Lepas est responsable local de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), d'autres confrères sont à la Fédération (FSPF), mais les appartenances n'ont pas été mises en avant, pas plus que celles des infirmiers. « Nous avons recherché une possibilité locale pour apporter une solution aux patients. Nous recevons deux heures par jour, mais avec la volonté de tenir dans le temps. Ce sont les titulaires qui pratiquent les tests, nous n'avons pas voulu faire courir de risque à nos équipes. »
Coutances compte aujourd'hui 8 500 habitants. On y connaît un Pôle de santé libéral ambulatoire (PSLA), mais pas de communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), ni de société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA). Les tests Covid représentent le premier exercice coordonné, et Christophe Lepas est déjà satisfait que « les infirmiers aient tout de suite trouvé agréable de travailler ensemble ». Un début prometteur.