Portrait

Isabelle Fouassier, militante de l'allaitement

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Publié le 19/06/2020
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Les pharmaciens d'officine ont un rôle à jouer pour promouvoir l'allaitement, un bienfait pour la santé, affirme Isabelle Fouassier.
Isabelle Fouassier veille « aux gros ventres »

Isabelle Fouassier veille « aux gros ventres »
Crédit photo : dr

C'est par son expérience personnelle, des difficultés rencontrées lors de sa première maternité, qu'Isabelle Fouassier est devenue une militante de l'allaitement. Cette consœur de Dunkerque (Nord) fait, depuis, partager sa connaissance et ses convictions aux futures mamans (et futurs papas) via l'association dunkerquoise Materlait. Elle participe aussi à des formations sur l'allaitement que dispense l'URPS pharmaciens.

« L'allaitement est un bienfait pour le bébé et pour la maman. Chez le bébé, il diminue le risque d'infection par la diarrhée, d'otite, d'allergie pour des enfants à risques, d'obésité, de diabète, d'intolérance au gluten. Pour la maman, il diminue le risque de cancer du sein ou de l'ovaire, et de diabète. Par-dessus tout, l'allaitement renforce les liens entre la maman et le bébé. »

Lors de sa première maternité, Isabelle Fouassier s'était rapprochée de Materlait, et y avait rencontré une sage-femme passionnée d'allaitement. « Elle m'a aidé, et nous sommes devenues amies. » La pharmacienne rappelle le taux des mamans françaises qui allaitent, 69,7 %, un pourcentage qui diminue dès le premier mois (alors qu'il est recommandé d'allaiter six mois), et qui nous situe bien loin des chiffres, par exemple, des pays scandinaves.

Un bébé, c'est un tsunami

« En Afrique, tout le village aide, mais chez nous, nos mamans n'ont pas spécialement allaité. » Les mamans françaises qui allaitent appartiennent aux milieux les plus favorisés : « Il existe un problème social, les parents qui travaillent, la dispersion familiale. On a du mal à toucher les moins favorisées. »

« Nous, pharmaciens, avons un rôle à jouer. Nous pouvons engager un dialogue au comptoir, à partir de questions plus ouvertes, parler de santé, puis arriver à l'allaitement. Nous informons et nous laissons cheminer. Quand on peut, on dirige vers une sage-femme. Certaines femmes parlent de l'allaitement dès le début de la grossesse, d'autres plus vers la fin, observe Isabelle Fouassier, mais plus tôt elles seront préparées avant la maternité, mieux cela se passera : un bébé, c'est un tsunami ! »

Une association pluriprofessionnelle

Materlait est une association créée à Dunkerque en 1987, dont les animatrices sont des professionnelles de santé. Isabelle Fouassier a passé un diplôme universitaire (DU) d'allaitement. L'association parle aux futures mamans de leur relation avec le bébé, fait parler les mamans entre elles, les papas entre eux, de tout ce qui a trait à la parentalité.

La consœur dunkerquoise a participé à l'animation d'ateliers mis en place par l'URPS pour les officinaux du littoral du Nord et du Pas-de-Calais, en collaboration avec d'autres unions. Des formations pour renforcer le rôle du pharmacien d'officine pour l'allaitement et pour sa promotion. L'URPS a aussi créé un outil informatique, pharmallait.fr, avec des onglets pratiques, « des aides pour le comptoir. Avec une vidéo sur le tire-lait, des petits outils utiles ».

« Au comptoir, quand on voit un gros ventre, on peut aborder la conversation de façon spontanée, puis orienter vers l'allaitement, parler des médicaments. » Isabelle Fouassier a présidé Materlait pendant deux ans, et en reste membre active. Materlait veut toujours se rapprocher de la médecine de ville, des crèches, de la médecine du travail, qui peuvent informer les entreprises, pour « toujours travailler en pluriprofessionnel, notamment avec les sages-femmes et les médecins traitants ».

Jacques Gravend

Source : Le Quotidien du Pharmacien