Il est fils d'un marin pêcheur d'Étaples (Pas-de-Calais), mais était malade en mer et n'a su nager qu'à 12 ou 13 ans, et encore « mieux sous l'eau que sur l'eau ». À 47 ans maintenant, Jean-Louis Bonvoisin, adjoint à Étaples et à Trépied-Cucq, au sud d'Étaples, est devenu nageur artistique synchronisé.
« Je n'ai su nager que tard, mais j'ai épousé une très bonne nageuse, explique-t-il. Je suis revenu à la natation depuis quatre ou cinq ans par besoin d'une activité physique. » La piscine proche permettait de nager en famille le dimanche matin, avec sa femme et ses filles, dont la seconde est adepte de nage synchronisée.
En bon papa, il emmenait sa fille à la piscine chaque semaine, et venait à l'assemblée générale du club de natation artistique du Montreuillois. Montreuil-sur-mer est une commune voisine, chef-lieu de la communauté d'agglomération des deux baies en Montreuillois, qui compte trois piscines publiques à Étaples, Berck et Montreuil.
Dans le grand bain
Lors de l'assemblée générale de 2018, est projeté « Le grand bain », le film de Gilles Lellouche, présenté au Festival de Cannes la même année, montrant des hommes « cabossés par la vie » reprendre pied par la pratique de la natation synchronisée. L'idée est lancée, en l'air, comme un défi, d'une équipe masculine de nage synchro à Montreuil. La natation synchronisée est surtout féminine.
Sans trop savoir, huit hommes se retrouvent dans le grand bain : un ancien entraîneur de water-polo, un banquier, des étudiants et un pharmacien. Avec un objectif, un gala, le 30 mars 2019 : « On avait trois mois pour se préparer, retrouver le tonus, apprendre à être dans l'eau, en apesanteur, rester sous l'eau et gérer son stress », explique le confrère.
« On ne se connaissait pas, l'AG avait juste été une soirée sympa. Se retrouver dans l'eau était autre chose, on n'était pas du tout à l'aise. C'est difficile de reprendre son souffle, c'est comme nager en apnée. On ne veut pas parvenir à un ballet, on recherche l'esprit d'équipe, à être ensemble. »
« Il faut apprendre à compter jusqu'à huit : on compte, et le mouvement change. Quand on fait un « porté », le but est de réussir la figure, que celui qui est porté le soit bien. On commence une séance par un 800 mètres d'échauffement, et après, il faut beaucoup d'entraînement, de répétitions pour arriver à ce que le mouvement devienne réflexe. »
L'esprit d'équipe
En championnat départemental 2019, l'équipe obtient la médaille d'or, « mais nous étions les seuls hommes ! » Une compétition était prévue pour 2020, perturbée par le confinement. Faute de nage, Jean-Louis Bonvoisin marchait tous les soirs. Après juin, l'entraînement a repris, deux séances de nage synchro par semaine, jusqu'à octobre. « Pourra-t-on repartir ? », s'interroge le confrère.
Dans la famille Bonvoisin, tout le monde nage, le père, la mère, les deux filles. « Cela permet de se sentir bien dans son corps, donne du tonus, on est plus léger dans sa tête, et la natation agit sur tous les plans, le métabolisme, la circulation du sang… À la piscine, on n'a plus mal au dos, plus mal aux jambes. Dans l'équipe, les meilleurs entraînent les autres. Mais le plus important dans la nage synchronisée, c'est le collectif, c'est de voir que la persévérance paie. »