Historiquement évalué à moins de 2 % en volume du marché global (compression et maintien), le segment de la contention de confort ou maintien à l’officine a été fortement concurrencé par la catégorie des produits de compression sans reste à charge.
« Ces dernières années, l’offre en dispositifs de compression s’est élargie pour proposer un nombre croissant de produits LPPR répondant aux exigences thérapeutiques des traitements de l’insuffisance veineuse, explique Éric Martin, directeur du pôle compression chez medi-France. Ce segment (40 % en volume des produits remboursables) est venu concurrencer directement les produits de maintien dont les ventes se sont effondrées car la plupart des patients préfèrent ne pas dépenser pour l’achat de modèles plutôt basiques. »
La gamme de maintien Swing conçue par medi-France a ainsi été supprimée car elle voyait son volume de vente régresser de 20 % tous les ans depuis plusieurs années. « Tant que la compression s’est cantonnée à une offre moins attractive d’un point de vue esthétique et présentant un reste à charge, la contention de confort a suscité une certaine demande. » Mais, au fil du temps, les modèles thérapeutiques ont développé des arguments de poids en misant sur la technologie textile (fibres thermiques, antibactériennes, résistant aux lavages, étudiées pour les peaux sensibles…) et celle du tissage (facilité d’enfilage, pieds sans coutures…) tout en améliorant l’aspect esthétique (transparence, coloris, motifs) des modèles.
Esprit de conquête
La quasi-totalité du marché de la compression et du maintien est aujourd’hui occupée par une offre remboursable à la technologie élaborée. En témoignent la gamme mediven (chaussettes, bas, collants), positionnée premium – avec les certifications médico-textiles - ainsi que la gamme sans reste à charge microtec (chaussettes, bas, collants) signées medi-France. « La crise sanitaire a chahuté le segment remboursable du marché qui n‘a pas renoué avec le niveau atteint en 2019, poursuit Éric Martin. Les patients, qui ont déserté l’officine par peur d’être contaminés, ont généré une baisse de la demande qui s’est combinée à un autre phénomène, celui du manque d’observance des traitements. » Confinés, les patients ont moins porté leurs dispositifs de compression malgré le risque de complications veineuses favorisé par l’inertie.
« Les conditions de vie particulières qui se sont instaurées depuis le début de la crise sanitaire ne seront pas sans conséquence pour la maladie veineuse, prévient Charles Dubourg, dirigeant de Cizeta Medicali. Nous devrons sans doute faire face à l’émergence de complications liées à cette pathologie silencieuse. » Le fabricant déplore également la morosité du marché. « Là où devrait exister une croissance naturelle due au vieillissement de la population, il peine à retrouver le dynamisme à l’œuvre en 2019. » Le segment semble pourtant en bonne voie de rattraper son retard, affichant une progression de ses ventes de plus de 9 % en volume et 8 % en valeur en 2021, ce qui compense en majorité la baisse de 10 % enregistrée en 2020. De ce fait, Cizeta Medicali affiche un certain esprit de conquête grâce à différentes gammes de produits remboursabes : Varisan est une offre premium privilégiant les matières naturelles comme la soie (thermorégulatrice et non allergisante) mais faite aussi de microfibre. En coton et soie, sans coutures à la pointe, les chaussettes Passo viennent la seconder ; la gamme Varisoft, pour sa part, est sans dépassement et répond à toutes les classes de compression.
« C’est la chaussette qui se vend le plus sur le segment de la compression avec 60 % des ventes en volume, devant les bas auto-fixants et les collants », indique Isabelle Micol, chef de groupe chez Sigvaris, en rappelant l’existence de ses marques Sigvaris (premium) et Dynaven (sans dépassement). Bien d’autres gammes sont présentes sur ce segment comme Venoflex Secret et Elegance dans l’offre LPPR de Thuasne qui propose aussi les gammes premium Incognito Absolu, Kokoon Absolu et les chaussettes Fast Lin ; chez Innothera on trouve les collants Smartleg, les bas et mi-bas Varisma et la gamme Legger pour homme tandis que la marque Gibaud propose des modèles de chaussettes premium sans coutures à la pointe (L’Homme la chaussette, La Femme la chaussette) ; BSN Radiante et ses gammes Radiante (premium) et Jobst (LPPR) viennent, entre autres, compléter l’offre.
Petit mais résistant
La différence majeure que présente la contention de confort face aux dispositifs de compression réside surtout dans sa finalité. Composée principalement de bas, collants et chaussettes de maintien non remboursables, cette offre vise à apporter une sensation de bien-être aux jambes mais n’assure pas d’effet thérapeutique. « À l’image de notre gamme Viva (mi-bas, collants, leggings), ces produits sont peut-être plus similaires par leur transparence et leur finesse aux modèles proposés en ville dans les magasins et grandes surfaces, mais ils ne soignent pas l’insuffisance veineuse, précise Charles Dubourg (Cizeta Medicali). Le maintien, n’offre aucune garantie de compression graduelle de la cheville à la cuisse et n’assure pas de traitement adapté sur la base d’une prise de mesures. » Historiquement peu développé, le segment a enregistré une chute de 37 % en volume et 36 % en valeur entre 2019 et 2020 avant de redresser la barre. En 2021, les ventes n’affichaient plus qu’une baisse de 15,9 % en volume et 10,6 % en valeur pour atteindre 865 454 euros pour 48 563 paires vendues (IQVIA Pharmastat). Un segment très modeste, donc, impacté par la crise sanitaire en 2020, mais également en proie à une baisse structurelle.
« Les dispositifs de compression médicale sans reste à charge se développent et portent un préjudice certain aux produits de maintien », confirme Isabelle Micol. Ce qui n’empêche pas Sigvaris d’avoir initié un nouveau segment sur le marché du non remboursable en présentant une semelle étudiée pour favoriser le retour veineux. « Venoped est une semelle qui se glisse dans la chaussure pour stimuler la pompe du pied au moment de la marche. » Lancée une nouvelle fois au printemps dernier, elle existe en trois modèles, été, classique, hiver. « C’est une semelle qui peut se porter en complément d’un dispositif de compression et qui ne nécessite pas de prise de mesures pour être vendue. » Un aspect pratique et une facilité de conseil qui ont permis au produit d’enregistrer une hausse de ses ventes de 35 % entre 2020 et 2021. L’offre textile reste cependant la plus importante sur le segment du maintien avec, notamment, les gammes Delilah (Sigvaris), Activline (Gibaud), Scholl Light (Reckitt Benckiser Healthcare)… Sur ce segment, les produits antifatigue constituent les trois quarts des ventes en volume mais régressent de 10 %. Les solutions étudiées pour le voyage, en régression, ainsi que les modèles pour sportifs, stables, viennent compléter l’offre non remboursable. « Une personne sur deux achètera différentes solutions pour soulager ses jambes », conclut Isabelle Micol.