Mme Hidalgo qui, dans les enquêtes d'opinion, ne passe pas la barre des 5 %, a probablement lancé son chant du cygne. Elle ne s'attendait pas à ce que les candidats de la gauche, tous murés dans leur bastion, applaudiraient sa proposition. Son initiative traduit principalement sa consternation. Un sondage Ipsos-Steria pour France Info et « le Parisien » indique que le total des intentions de vote à gauche ne dépasse pas les 26 %. En conséquence, il devient évident que 2022 ne sera pas l'année de la gauche, qui a besoin d'être reconstruite de fond en comble.
Les raisons de ce déclin sont liées à celui de la social-démocratie en France, au moment où elle triomphe en Allemagne. Ce déclin n'est pas nouveau, il remonte à au moins une décennie et il est aggravé par la formidable poussée de l'extrême droite, qui réunirait 32 % des intentions de vote et un durcissement des positions des Républicains (LR). Au cours de la pré-campagne, on a assisté à divers rebondissements, notamment l'intrusion d'Éric Zemmour dans la course à l'Élysée qui, jusqu'à présent, a surtout servi à affaiblir le RN et Marine Le Pen, et la progression assez vive de Valérie Pécresse, sacrée candidate de LR.
Hidalgo proche de l'abandon
Il n'est pas impossible que, dans les semaines qui viennent, Anne Hidalgo renonce à se présenter. Pour le PS, ce serait le signal d'un abandon, certes, mais aussi d'une tentative historique pour reconstituer le parti. Le PS a choisi une femme pour le représenter, ce qui n'était pas une mauvaise idée au départ. Mais il ne manque pas de candidats potentiels et compétents. Il doit retrouver sa crédibilité, ce qui prend énormément de temps.
Or le temps est précieux, dans la mesure où une victoire de Mme Pécresse ou d'Emmanuel Macron en 2022, rendra irréversibles les nouvelles structures qu'ils devront bâtir pour la société française. Si le président sortant est réélu, ce qui est l'hypothèse la plus plausible, il aura l'occasion d'imprimer sa marque réformiste sur le pays. La campagne sera pour lui non pas un danger mais un atout. Le 1er janvier 2022, il occupera pour six mois la présidence de l'Union européenne, une fonction et un poste à partir desquels son prestige personnel augmentera d'autant plus qu'il deviendra ainsi le leader européen le plus connu, après le départ de Mme Merkel.
Cette situation historique lui vaut, comme d'habitude, des critiques. On lui reproche de ne pas déclarer sa candidature, alors que la tradition veut qu'un président sortant ne se déclare qu'au dernier moment ; et de se servir de sa fonction pour piloter sa campagne dans le confort et avec le rayonnement lié à ses multiples fonctions. Il n'en a cure, sachant que, quoi qu'il fasse, il sera toujours blâmé, alors que rien ne le contraint à expliquer sa stratégie, ou à s'excuser.
La France n'a toujours pas vaincu le Covid, elle a des dettes à rembourser, mais 2021 a été une période de très forte croissance et de retour à l'emploi. Elle a surtout besoin de stabilité après une longue période de pandémie. Dans ce contexte pénible, l'extrême droite se déploie et l'extrême gauche menace. Les électeurs doivent voter non pas pour une révolution mais pour la continuité des réformes. Il est très regrettable que la gauche n'ait pas la crédibilité requise, mais Valérie Pécresse et Emmanuel Macron offrent des solutions aux crises qui nous accablent.