En diabétologie plus qu’ailleurs, les progrès thérapeutiques sont scrutés avec grande attention. Surtout lorsqu’ils promettent de s’émanciper de la sacro-sainte injection d’insuline… Tel est le cas de cette première mondiale récemment réalisée par une équipe de chercheurs chinois. Certes, chez les patients diabétiques de type 1, des greffes d’îlots pancréatiques donnent depuis déjà plusieurs années de bons résultats. Mais la rareté des donneurs ajoutée à la nécessité de prendre des immunosuppresseurs à vie pour prévenir le rejet, limite le recours à la technique. Dans ce contexte, l’originalité de la recherche chinoise tient dans un nouveau type d’autogreffe. Shusen Wang et ses collègues, de l’université de Nankai, ont en effet réussi une greffe de cellules souches reprogrammées, issues du propre corps d’une patiente diabétique de 25 ans. Mais surtout, cette greffe, réimplantée dans des muscles de l’abdomen de la patiente, a commencé à produire de l’insuline en seulement quelques semaines. « La patiente a obtenu une insulino-indépendance durable à partir de 75 jours après la transplantation », indiquent les auteurs de l’étude parue dans Cell. Pour parvenir à ce résultat, ils ont d’abord réalisé chez la patiente un prélèvement de tissu adipeux pour en extraire des cellules souches qu’ils ont « forcé » à devenir insulinosécrétantes. Le temps dans la plage glycémique cible de la patiente est alors passé d'une valeur initiale de 43,18 % à 96,21 % au 4e mois après la transplantation, et une diminution de l'hémoglobine glyquée a été constatée, précisent les chercheurs. Par la suite, la patiente a présenté un état de contrôle glycémique stable, avec un temps dans la plage glycémique cible supérieur à 98 % et une hémoglobine glyquée à seulement 5 %.
Au total, la jeune femme n'avait plus besoin d'injections quotidiennes d’insuline pour réguler sa glycémie. Et les effets de l’autogreffe insulinosécrétrice ont persisté au moins un an, date de publication de l'étude. À noter toutefois, le procédé, s’il représente un indéniable progrès, ne dispense pas d’un traitement immunosuppresseur…