Le Quotidien du pharmacien.- Est-ce que l’augmentation des fermetures d'officines et le risque de voir apparaître des déserts pharmaceutiques deviennent un sujet d'inquiétude pour les élus locaux ?
Gilles Noël.- Oui, cela devient un vrai sujet. Nous avons ici et là des exemples de pharmacies qui ferment faute de repreneurs. D’autres sont passées tout près de la fermeture, comme une officine dans une commune proche de la mienne qui a trouvé un repreneur à la dernière seconde. À Clamecy, sous-préfecture de 3 500 habitants, le nombre de pharmacies est passé de quatre à deux en quelques années… et pour celles qui restent, trouver du personnel est très compliqué. Jusqu'à il y a deux ans environ, les élus étaient très peu sensibilisés à ce sujet. Pour nous, il était difficile d'imaginer qu'une pharmacie puisse fermer, sauf cas exceptionnel. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, comme le montrent les chiffres avec près de 300 fermetures d'officine l'an dernier (276 en tout). Or, les pharmacies sont des points importants pour un territoire. Elles ont eu un rôle majeur pendant la période du Covid. Elles font évoluer le système, comme nous l'avons vu avec la vaccination, ou plus récemment avec la prise en charge de la cystite par exemple.
Votre commune de 1 000 habitants compte encore une pharmacie aujourd'hui, avez-vous peur de la voir disparaître ?
Ma commune est dans une situation un peu particulière. Nous avons perdu nos deux médecins il y a maintenant près de deux ans et nous n'en aurons pas de nouveau avant septembre 2025… C'est évidemment un problème en termes d'attractivité. La titulaire de la pharmacie du village s'est adaptée pendant cette période, notamment en proposant la téléconsultation. Elle est aujourd'hui proche de la retraite, bien sûr que nous nous posons la question de l'après. Varzy est au cœur d'un bassin de vie qui regroupe 12 communes, et 3 500 habitants. Si l'officine ferme, la plus proche se trouverait alors à une quinzaine de kilomètres.
La possibilité d’avoir une antenne de pharmacie vous semble-t-elle intéressante ?
Pour moi, la pharmacie est un endroit qui doit être sacralisé. La pharmacie du village, qui existe depuis longtemps, c'est une relation de proximité avec les patients. Le pharmacien les connaît, eux, mais aussi leur famille, il peut les conseiller au mieux. L'idée d'antenne apporte peut-être quelques garanties, mais je ne trouve pas que cela soit suffisant. Devoir compter sur un pharmacien qui n'est pas sur place, qui ne connaît pas forcément la commune, c'est tout de même compliqué, je ne pense pas que l'on puisse s'en satisfaire.
Faut-il plus de souplesse dans la réglementation qui s'applique à l'ouverture de pharmacies dans les communes de moins de 2 500 habitants ?
Aujourd'hui la législation qui est en place ne colle pas avec la réalité du terrain. J'estime qu'il faut aujourd'hui raisonner selon les besoins d'un territoire. Une pharmacie ne dessert pas qu'un village mais un bassin de vie et c'est cette base qui devrait servir de référence.