Le Quotidien du pharmacien.- L’UNPF soutient une proposition du SN2P selon laquelle il n’est plus justifié d’obliger chaque officine de disposer d’un préparatoire. Pourquoi ?
Éric Myon.- Aujourd’hui, environ 80 pharmacies ont la capacité de réaliser des préparations pharmaceutiques conformément aux bonnes pratiques de préparation, et sont organisées et structurées pour réaliser de la sous-traitance auprès des confrères. Elles disposent d’un préparatoire équipé et d’une équipe formée à cette activité. La sous-traitance des préparations pour les autres pharmacies d’officine s’est organisée naturellement, et cette organisation fonctionne. Dans ces conditions, pourquoi continuer à imposer à toutes les officines d’avoir un préparatoire ? Selon nous, cette obligation légale n’est plus cohérente avec la réalité au regard de la technicité de la préparation ; c’est une hypocrisie d’obliger le préparatoire dans toutes les officines alors que la plupart des préparatoires ne sont plus utilisés. L’activité de préparation doit désormais être considérée comme une spécialité officinale optionnelle, sur le modèle de la PDA (préparation des doses à administrer), de la vente en ligne de médicament ou la vaccination, avec un enregistrement de cette activité auprès des ARS.
Est-il néanmoins nécessaire de maintenir un seuil de pharmacies disposant d’un préparatoire ?
Dans ses quinze propositions pour permettre aux officinaux de reprendre en main l’activité de préparation, le SN2P estime qu’un engagement de 10 % des officines dans cette activité (soit 2 000 officines) serait suffisant pour répondre à une production de masse en cas de besoin. Il n’est pas question de mettre en place un seuil réglementaire. Ce qui est important, c’est de rendre visible et attractive cette spécialité officinale pour qu’un plus grand nombre de pharmacies s’y engagent, pour recréer des préparatoires.
Comment accueillez-vous la création, par la LFSS 2024, des préparations officinales spéciales ?
La mobilisation des préparatoires en réponse aux pénuries industrielles n’est pas récente, mais elle s’est accélérée au cours des cinq dernières années. Il était indispensable de créer un statut particulier pour les préparations destinées à pallier les ruptures de stock de médicaments industriels. Il y a quinze ans, le préparatoire était considéré comme une activité désuète. Aujourd’hui, c’est l’ANSM qui nous tend la main pour que nous travaillions ensemble ; et le législateur reconnaît la préparation pharmaceutique comme une vraie solution aux ruptures. Cela récompense le travail que le SN2P et les Pref ont réalisé pour valoriser les préparations magistrales et faire monter en compétence les préparatoires. Il reste maintenant à rendre l’alternative préparation plus identifiable par les prescripteurs et par nos confrères et consœurs.
Justement, une rémunération spéciale est-elle envisageable ?
Avec le développement des préparations officinales spéciales, les volumes de production vont devenir plus importants. Outre la régulation des prix, il faut élaborer un vrai modèle économique en créant un honoraire spécifique à la dispensation des préparations pharmaceutiques.