Mais quel diable a piqué La Rosière ? Située au bout de la vallée de la Tarentaise, 20 km au-dessus de Bourg-Saint-Maurice, la station savoyarde a décidé de frapper un grand coup en 2020. Elle fête ses 60 ans avec pas moins de trois ouvertures d’hôtels : un tout nouveau Club Med, une résidence et un hôtel Alpen Lodge, une résidence hôtelière Sky La Rosière. Soit pas moins de 534 nouveaux appartements, chambres et suites proposés dans ce village qui n’accueille, hors saison, que 711 habitants permanents !
Le pari est d’autant plus audacieux que la livraison des équipements intervient en pleine crise de la Covid-19. Reste à prier la Madone pour que la clientèle soit au rendez-vous d’une saison qui ne s’annonce pas vraiment comme les autres.
La Rosière a des atouts à faire valoir. Elle est déployée sur un versant sud et son ensoleillement est réputé être l’un des plus importants du secteur. La large vue en balcon sur la vallée est fermée au loin par la silhouette du mont Pourri, un nom hélas peu flatteur pour un sommet qui dresse sa masse rocheuse puissante, blanchie par l’hiver, à 3 779 m d’altitude.
L’enneigement de la Rosière est l’un des arguments chocs de la station. Grâce à des flux météo favorables, elle se prévaut de records en la matière, avec des cumuls de plus de 11 m sur le domaine (en 2018) et de 7,50 m dans la station. Ce n’est pas nécessairement ainsi chaque année, mais, posée à 1 850 m, elle essaie d’échapper encore un peu au réchauffement climatique qui condamne petit à petit les stations-villages de plus basse altitude.
Reliée au Val d’Aoste italien
Tout commence à La Rosière en 1960, lorsque l’abbé Poupon et un premier centre familial de vacances, La Savoyarde, initient des enfants au ski. Le téléski de la Poletta, inauguré le 23 décembre cette année-là, permet d’effectuer les premières descentes. Soixante ans plus tard, La Rosière est devenue une station internationale. Surtout depuis 1984, lorsque son domaine est relié à celui de La Thuile, dans le Val d’Aoste italien voisin.
Rien n’est plus logique que cette connexion. La Rosière entretient depuis toujours des liens avec ses cousins transalpins francophones. Conséquence : les touristes skient à saute-frontière sur un vaste terrain de jeu, l’Espace San Bernardo, via le col du Petit Saint-Bernard (2 188 m). L’ensemble est aménagé avec 82 pistes, dont 14 noires et 35 rouges. Une télécabine, 20 télésièges et 12 téléskis sillonnent cet espace. On est loin toutefois du barnum de remontées mécaniques que l’on trouve à Tignes ou aux Arcs, les deux grandes stations voisines.
Car voilà ce qui semble être la force de La Rosière : un caractère familial sans spécialisation sportive ou festive à outrance. La station abrite certes plus de 13 000 lits touristiques et 45 commerces, mais elle tient à préserver son style savoyard. Ainsi de l’architecture, où prédominent le bois et la pierre. Ainsi également des nombreux hameaux (44) qui jalonnent Montvalezan, commune à laquelle appartient La Rosière. Une tour du XVIIe siècle et l’église Saint-Jean-Baptiste forment dans le bourg un ensemble paroissial de belle facture. Quatorze chapelles parsèment aussi le territoire, prétexte à des échappées patrimoniales dans le blanc hivernal.
La position franco-italienne est également garante d’expériences culinaires insolites. Ainsi des arancinis Mont Valaisan, une spécialité de boules de riz frites avec une farce à la tomme de Savoie. À déguster notamment côté transalpin, après avoir profité des thermes de Pré Saint-Didier.
Bien que familiale, La Rosière a investi dans des activités ludiques sans lesquelles toute station régresserait. Elle propose ainsi un Village Igloo, l’Xtreme Luge pour des descentes jusqu’à 45 km/h et la Panoramic Experience, une passerelle suspendue avec des dizaines de mètres de vide sous les pieds.
Cette étiquette originale a séduit les investisseurs. Avec 400 chambres et 40 suites, le Club Med fait cette année une entrée fracassante dans la station. Après avoir ouvert Samoëns en 2017 et rouvert L’Alpe d’Huez en 2019, l’opérateur espère inaugurer en décembre son nouveau resort 4 tridents, à 1 950 m d’altitude. Piscine intérieure, gourmet lounge, école de yoga et spa devraient détendre les clients, en plus de l’habituel esprit Club Med. C'est également en décembre que devraient ouvrir la résidence et l’hôtel Alpen Lodge (groupe MGM), avec 33 appartements d’un côté, 27 chambres et suites de l’autre. Le concept est haut de gamme. Enfin, la station s’apprête à accueillir les clients de Sky La Rosière, une autre résidence de loisirs, dotée d’une trentaine d’appartements Premium, avec spa et restaurant. La Haute-Tarentaise est en forme !