Ce sont les Alpes mais les Alpes protégées. Ici, à 20 minutes de route d’Albertville, pas d’usine ni de pollution, comme dans certaines vallées alpines industrielles. Le Beaufortain semble être resté à l’écart du modernisme mais l’apparence est trompeuse. Il n’empêche. Avant de goûter aux joies des activités neige, cap sur Beaufort-sur-Doron, épicentre du territoire. Avec ses ruelles étroites (fleuries l’été), son clocher à bulbe, ses deux hôtels-restaurants familiaux et sa minuscule banque de Savoie, le village a un air de France immuable, joliment romantique quand la neige le recouvre. On y croise parfois des personnages typiques, comme ce Savoyard barbu aperçu franchissant le Doron une bouille (bidon de lait) sous le bras.
e lait… C’est la richesse économique du territoire, avec un fromage AOP parmi les plus goûteux des Alpes : le beaufort. La visite de la Coopérative laitière est un rituel pour tout touriste en séjour dans le secteur. On affine plus de 20 000 meules par an de ce fromage au lait cru à pâte cuite pressée. Ferme et fondant, il est fabriqué à partir de lait de vaches de races Tarine et Abondance, collecté dans les fermes en camion-citerne chaque matin d’hiver.
La découverte de ces hameaux d’altitude est d’ailleurs une autre habitude – à condition d’être véhiculé et chaussé de pneus neige. Les quatre communes du massif, Queige, Arêches-Beaufort, Hauteluce et Villard-sur-Doron possèdent toutes ces « écarts » isolés au bâti traditionnel, posés sur des versants pentus protégés d’une urbanisation anarchique. Boudin est le plus esthétique. Avec ses chalets de pierre et de bois étagés sur la pente, sa petite chapelle à clocher à bulbe et ses greniers, il est une sorte de pavillon témoin d’une ruralité séculaire.
D’autres hameaux valent le détour. C’est le cas du Bersend, au-dessus de Beaufort. Il ne faut pas hésiter à pousser la porte en bois cloutée de l’antique chapelle. Une corde pour sonner la cloche, un chœur en décor de théâtre baroque et surtout une horloge, dont le gros tic-tac scande les saisons : là se niche une part de l’identité beaufortaine.
Panoramas ouverts
En matière d’activités hivernales, le territoire balaye un large spectre. Lorsque le domaine skiable est ouvert, la station des Saisies accueille les adeptes de ski alpin. À taille humaine, elle offre à 1 650 m d’altitude un bon équilibre entre qualité des équipements et esprit familial. Aux 192 km de pistes de son Espace Diamant s’ajoute un domaine nordique de 120 km pour le ski de fond et les randonnées en raquettes. Ici, pas de sommets abrupts mais des panoramas ouverts loin sur les Alpes du Nord (Aravis, Mont-Blanc…). Conviviale, la station propose en prime un bel espace aquasportif, Le Signal.
Si l’on préfère l’atmosphère villageoise, il faut choisir Arêches-Beaufort ou Hauteluce. Au-dessus d’Arêches, le petit domaine skiable (50 km et 29 pistes, tout de même) est complété par le plateau du Cuvy, dédié au freestyle, au skicross et à la luge. De son côté, La Trace rassemble quatre itinéraires balisés et sécurisés de ski de randonnée. Elle permet de se rendre au sommet du domaine skiable (2 320 m) hors des flux de ski alpin.
Reste Hauteluce. Un amour de petit village tapi au fond d’une vallée, relié au domaine des Saisies et même à celui des Contamines-Montjoie. Haut lieu du patrimoine savoyard (église baroque, chapelles, vieux chalets…), c’est le refuge idéal pour un séjour d’hiver cocooning, loin, bien loin du confinement urbain.