Treize officines ornaises, sur 96, ont été équipées, leurs personnels formés, et 9 ont été « actives ». Une à trois téléconsultations de médecine générale ont eu lieu par semaine, et Télépharm a été reconnue organisation territoriale de santé, conventionnée avec des CPTS en cours de création, avec l’hôpital d’Alençon, comme avec l’ARS.
« Plus de cent téléconsultations ont été menées, 63 % d’entre elles pour des personnes de plus de 65 ans, près d’une sur deux a évité de recourir aux urgences, une sur trois a épargné du temps médical « utile », par exemple pour renouveler un traitement », précise Christine Genin-Cossin, pharmacienne retraitée d’Argentan, présidente de Télépharm. L’Orne est un département rural, critique sur le plan médical : on y compte 56 généralistes pour 100 000 habitants, le tiers de la moyenne nationale. Selon la CPAM, 12 % des patients en affection de longue durée (ALD) n’ont pas de médecin traitant.
« Le pharmacien à son comptoir rencontre beaucoup d’occasions de proposer une téléconsultation à un patient, mais cela demande des équipes formées, indique Christine Genin-Cossin. Télépharm assure la formation, aide le professionnel à « sentir » le patient. Après notre première expérience, tout le monde a dit qu’il fallait continuer, l’ARS aussi. Le pharmacien est de nouveau dans la chaîne de soins, il aide le patient à se soigner. Des personnes peuvent vivre à la campagne, la CPAM voit des économies de transport. »
Le tableau est certes flatteur, mais non sans revers. Le pharmacien qui adhère connaît la satisfaction de faire bien, mais n’est pas rémunéré pour cela. La présidente de Télépharm en a fait la demande, à l’instar de l’expérimentation en cours en Bretagne de la prise en charge des petits maux par des pharmaciens.
La consœur se montre « raisonnablement optimiste » sur l’avenir de Télépharm. Des élus s’y intéressent, d’autres départements l’ont contactée, intéressés. La présidente a monté un nouveau dossier pour obtenir un financement de l’ARS. Cela concerne le dépistage en dermato à l’officine, déjà pratiqué par une pharmacie Télépharm, ayant déjà évité « une catastrophe dans deux cas ». Un médecin dermato à la retraite forme des pharmaciens à ce dépistage.
La consœur présidente voudrait aussi passer la main, et « cultiver son jardin ». Mais elle entend assurer un financement durable à l’association. Elle vise 25 officines, « une bonne échelle » pour l’Orne. À Argentan, Élodie Tessier enregistre une téléconsultation par semaine, qui évite des frais de transport, de la fatigue, et qui ne coûte pas à la société, assure Christine Genin-Cossin.