« La tuberculose reste la maladie infectieuse la plus mortelle, alors qu'elle est évitable et qu'on sait la guérir », déplore Lucica Ditiu, secrétaire exécutive du Partenariat Halte à la tuberculose, dans le rapport annuel de cette organisation internationale.
Les programmes destinés à améliorer l'accès au diagnostic et au traitement de la tuberculose, qui tue plus de 1,4 million de personnes par an, manquent structurellement de financements, au moment où la lutte contre le nouveau coronavirus bénéficie d'une mobilisation sans précédent, souligne le rapport.
En effet, on compte 48 vaccins contre le Covid-19 en phase d'essai clinique, tous développés en moins d'un an, alors que pour la tuberculose il n’existe qu’un vaccin depuis les années 1920, le BCG, dont le degré de protection contre les formes pulmonaires de la maladie n'est que de 50 % environ. Côté recherche, la situation n'est guère brillante. « Depuis plusieurs années, nous n'avons qu'un vaccin en phase d'essai sur l’homme, qui ne sera pas commercialisé avant 2027 », observe ainsi Lucica Ditiu.
Ce candidat vaccin développé par GlaxoSmithKline est destiné aux adultes déjà infectés par Mycobactérium tuberculosis (tuberculose latente), afin d’éviter le développement d’une tuberculose pulmonaire. Dans les derniers essais cliniques menés sur plus de 3 500 sujets en Afrique du Sud et Zambie, ce vaccin a déclenché une réponse immunitaire et a fourni une protection de 54 % contre la progression de la tuberculose pulmonaire pendant au moins 3 ans, avec une bonne tolérance.
Autre problématique : la prise en charge de la tuberculose est inadaptée dans de nombreux pays où la maladie est endémique. Environ 40 % des 37 pays analysés dans le rapport traitent toujours les formes résistantes de la maladie (contre laquelle les antituberculeux habituels ne sont pas efficaces) avec des médicaments injectables obsolètes, des traitements longs, pénibles et à l'efficacité aléatoire. De plus, la tuberculose résistante reste sous-diagnostiquée, avec seulement 5 500 nouveaux cas identifiés chaque année chez les enfants sur les 30 000 estimés.
« Nous devons faire mieux », estime Maxime Lunga, coordonnateur national du Partenariat Halte à la tuberculose en République démocratique du Congo, évoquant une « tragédie moderne qui fait plus de 4 000 morts chaque jour ».
La double peine
Des chercheurs ont par ailleurs annoncé dans la revue « International Journal of Tuberculosis and Lung Diseases » le lancement d'une étude pour mieux prendre en charge et éviter le double fléau des malades de la tuberculose contaminés par le coronavirus. S'il y a un lien établi entre la mortalité par Covid-19 et la tuberculose - qui affectent tous deux les poumons -, peu d'études ont été menées sur la façon dont les deux maladies interfèrent. D'autres recherches sont indispensables pour éclaircir ces interactions.