Oligothérapie et immunité

L'action synergique de la triade zinc-sélénium-cuivre

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Publié le 14/01/2022
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Le potentiel thérapeutique des oligoéléments fait l'objet d'un intérêt croissant. La recherche actuelle s'applique à démontrer scientifiquement leur efficacité dans la lutte contre de grandes maladies chroniques et leur impact antiviral dans les infections respiratoires.
Ces trois oligoéléments interagissent dans la réponse immunitaire face aux agressions extérieures

Ces trois oligoéléments interagissent dans la réponse immunitaire face aux agressions extérieures
Crédit photo : Phanie

Les oligoéléments (OE) sont des modificateurs de terrain dont l'objectif est de rétablir ou de maintenir l'équilibre optimal des organes. Ils interviennent dans de nombreux mécanismes biologiques. « Les progrès analytiques ont permis des avancées considérables permettant de mieux décrire leurs différents modes de fonctionnement. L'oligothérapie réactionnelle/catalytique a pour but de relancer une activité enzymatique, l'oligothérapie nutritionnelle est utile pour compenser des insuffisances ou des carences et l'oligothérapie pharmacologique contribue à traiter une pathologie », rappelle Jean Noël Perin, pharmacien responsable scientifique du Laboratoire des Granions. Des études récentes se sont intéressées au rôle du zinc (Zn), du sélénium (Se) et du cuivre (Cu) dans l'immunité et les maux de l'hiver. Ces trois OE agissent à deux niveaux dans la réponse du système immunitaire face aux agressions extérieures, ils présentent des propriétés anti-infectieuses complémentaires et ils ont une action directe et synergique sur les agents pathogènes. Une carence en l'un des éléments de cet indissociable trio est susceptible d'altérer les moyens de défense de l'organisme.

Des études scientifiques aux résultats prometteurs

Le zinc a des propriétés antivirales à large spectre in vitro contre la plupart des virus respiratoires courants, y compris les coronavirus. Une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés totalisant 5 446 participants (aucun n'était spécifique au SARS-CoV-2) a évalué les bénéfices et les risques des formulations de zinc pour la prévention ou le traitement des infections virales aiguës des voies respiratoires chez l'adulte. Le zinc a limité la survenue des symptômes, ils ont disparu en moyenne 2 jours plus tôt par rapport au placebo avec des réductions significatives des scores de sévérité des symptômes au jour 3. Les mécanismes de fonctionnement du zinc mettent également en jeu l'activation des lymphocytes T, des monocytes et des granulocytes ainsi que la limitation de la réplication virale. Ces effets ont été observés chez des adultes en bonne santé dans les 24 à 48 heures suivant la prise quotidienne orale de 15 mg de zinc.

Une autre étude observationnelle transversale a été menée en Belgique pour déterminer si la carence en Se et/ou en Zn est corrélée à la gravité de la maladie Covid-19 et au risque de mortalité chez les patients avec ou sans comorbidités. Les concentrations des deux oligoéléments ont été déterminées dans le sérum ou le plasma et les données confirment qu'un statut insuffisant en Se et en Zn est associé à un risque de mortalité élevé et à une évolution plus sévère de la maladie, en particulier dans la population âgée. Plus précisément, des corrélations ont été observées avec un faible statut en Se pour le risque de décès des patients atteints de cancer, de diabète et de maladies cardiaques chroniques, et avec une carence en Zn chez les patients diabétiques et obèses. « L'évaluation des oligoéléments Se et Zn comme facteurs prédictifs des formes graves de Covid-19 peut donc contribuer à une meilleure prise en charge des patients et une supplémentation adjuvante peut s'avérer pertinente pour ceux présentant des comorbidités », observe le Dr Perin.

Une troisième étude in vitro visait à évaluer l'activité antivirale du Cu contre SRAS-CoV-2. Des cellules infectées avec le SRAS-CoV-2 ont été maintenues dans un milieu contenant du gluconate de cuivre pendant une période de 48 heures. Par rapport aux cellules non traitées avec du gluconate de cuivre, il a été démontré que ce dernier atténue le taux d'infection par le SRAS-CoV-2 dans les cellules traitées. Le nombre de cellules infectées a été réduit de 71 %, 77 % et 78 % avec respectivement 25, 50 et 100 µm de gluconate de cuivre. L'étude démontre ainsi un effet antiviral du gluconate de cuivre sur l'agent pathogène responsable du Covid-19 à partir de 25 µm. Des études supplémentaires sont toutefois nécessaires pour déterminer si l'homéostasie du cuivre pourrait jouer un rôle dans l'infection par le SRAS-CoV-2.

D'après une visioconférence des Laboratoires EA Pharma.

Christine Nicolet

Source : Le Quotidien du Pharmacien