Chez des patients atteints du Covid et à risque de forme grave, la prise précoce de fluvoxamine (Floxyfral) réduit le risque d’hospitalisation, selon un essai clinique mené au Brésil et publié dans « The Lancet Global Health ».
Au total, 1 497 patients traités en urgence pour Covid ont été inclus dans cet essai. Ils ont reçu soit 100 mg de fluvoxamine deux fois par jour pendant dix jours (741 patients), soit un placebo (756 patients). Les patients présentaient au moins un facteur de risque de forme grave (âge, tabagisme, diabète, non-vaccination…).
L'étude a mesuré combien de malades de chaque groupe ont finalement été hospitalisés après 28 jours, ou ont dû rester plus de six heures dans un service d'urgence. En fin de compte, ceux du groupe fluvoxamine ont été moins nombreux que ceux sous placebo - 11 % contre 16 % - à se retrouver dans l'une de ces deux situations.
« Cette étude suggère que la fluvoxamine est une option efficace, sûre, peu coûteuse et plutôt bien tolérée pour traiter les malades du Covid-19 non hospitalisés », juge le chercheur Otavio Berwanger, non associé à l'essai, dans un commentaire publié par la revue.
De plus, pour le Dr Gilmar Reis (Brésil), co-auteur de l’étude « ces résultats peuvent influer les directives nationales et internationales concernant la gestion de la crise du Covid ». En effet, aujourd'hui, même si l'on dispose de vaccins et de nouvelles molécules dans le Covid, « il est important d'identifier des thérapies déjà sur le marché efficaces contre le Covid, notamment pour les pays à faibles ressources et ayant un accès limité aux vaccins. Car elles sont peu coûteuses, disponibles, et ont un profil de sécurité bien connu », estime-t-il.
La fluvoxamine est un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) indiqué dans la dépression et les troubles obsessionnels compulsifs. Elle est également connue des chercheurs pour ses propriétés anti-inflammatoires : « Elle peut réduire la production de molécules inflammatoires, les cytokines, lors d’une infection par le SRAS-CoV-2 », indique le Dr Angela Reiersen (St Louis, États-Unis), co-auteur de l'essai, .
Toutefois, cette étude a aussi ses limites. Elle ne permet pas de conclure sur l'effet du médicament pour réduire les décès et, même en matière d'hospitalisations, ses conclusions sont affaiblies par le fait d'avoir mélangé deux critères. Quant aux auteurs, ils expliquent avoir aussi pris en compte les séjours en services d'urgence car les hôpitaux brésiliens ont été surchargés par la crise du Covid et n'ont pas pu prendre en charge des patients qui en auraient eu besoin.
Par ailleurs, la mise à disposition dans les pays en développement sera entravée par le fait que la fluvoxamine ne figure pas sur la liste des médicaments essentiels de l'OMS. Pour contourner ce problème, les scientifiques comptent orienter leurs recherches vers la fluoxétine, un ISRS proche de la fluvoxamine qui figure sur la liste de l’OMS, afin de savoir si elle aurait des effets similaires.