Quittant la vallée du Rhône depuis La Voulte, entre Valence et Montélimar, la route de Gap s’enfonce plein est en direction du Diois. Soixante kilomètres et 1 h 15 plus tard, voilà donc ce pays qui n’est pas encore la Provence mais y ressemble déjà. À Die, Châtillon-en-Diois, Luc-en-Diois, les signes méridionaux sont évidents : tuiles canal sur les toits, ruelles étroites et pentues, passages sous voûtes, habitat serré autour d’églises romanes et surtout, champs de lavande !
L’impression d’être déjà arrivé dans les collines de Pagnol est toutefois contredite par un simple coup d’œil au nord. La présence impressionnante de la barrière méridionale du massif du Vercors, avec ses falaises minérales vertigineuses et ses forêts de sapins, appelle à la prudence : le sud, oui, mais avec les rigueurs alpines. Les rapaces qui planent toute l’année entre haut plateau et basse vallée sont bien placés pour le savoir.
S’il est un lieu qui témoigne de cette frontière naturelle et climatique, c’est bien le tunnel de Rousset. S’échappant du Vercors à près de 1 300 m d’altitude, il fait passer en quelques secondes de la brume et des pelouses d’alpage au soleil radieux et aux paysages du Midi. Le contraste est brutal et prometteur : en Diois, on peut le matin profiter d’activités d’altitude et l’après-midi musarder dans un sud au goût de farniente. Exemple avec la randonnée. Les sentiers du Diois vont d’itinéraires en balcons aux circuits paisibles, de verticales sportives en ondulations champêtres. Ils sentent la garrigue autant que le calcaire froid, la vigne comme les pâturages altiers.
La balade du cirque d’Archiane, à Châtillon-en-Diois, est l’une des plus connues. Tapi au pied des falaises du Vercors, l’itinéraire en boucle « Les Carnets d’Archiane » contourne l’amphithéâtre de parois verticales ocres et grises, survolé par des vautours pris dans les courants ascendants. Une « rando » de 2 heures 30 accessible à tous, entre végétation alpine (pins) et méditerranéenne (petits feuillus), sous le chant des cigales.
Canyoning et via ferrata
Des hauteurs du Vercors dévalent aussi des torrents fougueux. Certains, comme la Comane, accueillent les fans de canyoning et de randonnée aquatique. Des descentes à réaliser de préférence avec des moniteurs professionnels. Et à fuir lors des orages, les cours d’eau gonflant rapidement. Avant de rejoindre le Rhône, la Drôme, qui irrigue le Diois, accueille aussi des canoéistes, une navigation tranquille lorsque le niveau d’eau le permet. Et puis il y a les via ferrata. Profitant des falaises, quatre itinéraires du vertige ont été aménagés dans le secteur. Réussir la « Traversée des Toits » sur celui de Chironne, avec surplombs athlétiques et vides abyssaux, garantit sensations et stress positif !
Vous n’êtes pas vraiment sportif ? Qu’à cela ne tienne, le Diois dégaine un autre atout : les produits du terroir. La lavande en est un et pousse avec vigueur sous les contreforts du Vercors et dans la vallée de la Roanne, un petit affluent de la Drôme. Sa culture est réservée à l’aromathérapie mais on l’utilise aussi en pâtisserie. En juillet, l’odeur entêtante de l’huile fait tourner les têtes autour des distilleries, comme celle des Quatre Vallées, à Chamaloc, sur la route du col de Rousset.
Le pays de Die est aussi connu pour sa clairette, un vin mousseux léger. Bénéficiant d’une AOC, il est produit sur près de 1 500 ha et donne l’occasion de visites surprises, comme les 11 ha du domaine Achard-Vincent, à Sainte-Croix, cultivé en biodynamie.
Village médiéval
Il reste le patrimoine et les villages. À Die, ville principale du territoire, la balade dévoile les vestiges de remparts gallo-romains, une belle porte fortifiée (Saint-Marcel) et surtout, les mercredis et samedis matins, un marché populaire aux vrais accents provençaux, déployé au pied de la cathédrale romane.
Plus étonnants sont les itinéraires routiers tracés dans les recoins de la région. Impossible de manquer Châtillon-en-Diois : sa tour-porche, sa fontaine, son tilleul et son temple protestant en font un modèle de village médiéval.
Mais le vrai coup de cœur est au sud – décidément ! Le parcours de 75 km qui rejoint Saillans depuis Luc-en-Diois, par La Motte-Chalancon, immerge dans une France rurale oubliée. Bourgs de poche calfeutrés (Establet) ou plaqués à la roche (Chalancon), fermes isolées, terres ravinées, gorges calcaires, petits cols champêtres (de Prémol, des Roustans)… Le Diois confirme son statut de terre rare et de frontière.