La République en marche a perdu les municipales. Ses adversaires devraient s'en féliciter. Mais non, ce qui compte, c'est de diffamer le président avec la vain espoir de contourner les règles démocratiques en judiciarisant à l'extrême le débat politique. Même dans l'affaire Fillon, où l'ancienne directrice du Parquet national financier a jeté un pavé dans la mare en déclarant, pour se dédire ensuite, qu'elle avait subi des pressions du parquet général, on cherche à discréditer M. Macron qui, au début de 2017, n'était que candidat et n'avait aucun pouvoir. Comme la manœuvre était grossière, le site Mediapart, spécialiste des investigations à charge, a découvert que, dans l'affaire Alexis Kohler, du nom d'un ancien conseiller du président, Emmanuel Macron avait écrit une lettre au parquet pour défendre son collaborateur. Un témoignage de moralité, en quelque sorte. Mais aussi une pression sur le fonctionnement de la justice. Certes, l'affaire a été classée sans suite. Les magistrats n'ont pas estimé qu'il y avait conflit d'intérêts entre les activités de M. Kohler à l'Élysée et le début de sa carrière dans une société de transport maritime dans laquelle sa famille avait une part.
Aussitôt, l'association Anticor, spécialisée dans la corruption des hommes ou des femmes politiques a déposé plainte et la justice, derechef, s'est emparée de l'affaire. Il ne s'agit pas seulement d'empoisonner M. Kohler, il s'agit de détruire la légitimité du président, qui a pourtant survécu jusqu'à présent à toutes les accusations. Je ne vois pas pourquoi les gens objectifs et surtout dépassionnées ne poseraient pas sur le président et la vie qu'on lui mène un regard teinté de compassion, celui que l'on réserve aujourd'hui exclusivement aux minorités victimes de racisme, aux confinés ou déconfinés, à ces héros qui ont continué à travailler pendant la crise sanitaire, caissières de supermarché, chauffeurs routiers, éboueurs, infirmières, médecins morts au front de la pandémie. Il s'agit certes d'un président qui vit dans le luxe de l'Élysée mais qui tous les jours a des choix déchirants à faire et qui sait en outre que, s'il fait la moindre erreur, il recevra une volée de bois vert. Je ne souhaite pas seulement que l'on respecte la fonction présidentielle mais que l'on soit objectif à l'égard de ce jeune président qui n'a pas que des vertus, qui s'est montré ambitieux, mais qui a tout de même plus de classe que les deux ou trois clowns qui dirigent de vastes pays et que la plupart de ses adversaires dont l'arrogance le dispute à l'irréalisme.
Les ravages du populisme
Emmanuel Macron peut perdre l'élection de 2022 et mon propos n'est pas qu'il doit à tout prix la gagner. Mon propos est qu'il a assez de courage pour ne pas céder à la démagogie ou au populisme et que même si M. Fillon était réhabilité, ce qui ne sera pas le cas parce que les faits sont établis, il échouerait face à Macron. Lequel n'a jamais prononcé les mots qui ont fait de M. Fillon un traître parfait : « Imaginerait-on un De Gaulle mis en examen ? » ou qui a accompli l'autre coup de Jarnac contre Nicolas Sarkozy en allant à l'Élysée exiger que Hollande encourageât la justice à le poursuivre. Donc, la curée lancée contre M. Kohler ou en faveur de M. Fillon n'a pas pour autre objectif que de montrer que le satut de M. Macron est illégitime. Une sorte de coup d'État contre le président par d'autres moyens que la violence : l'usage abusif des plaintes judiciaires et la complaisance incompréhensible des juges qui acceptent de se saisir de l'affaire. En réalité ces méthodes barbares sont empruntées à Donald Trump : diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose. Dites n'importe quoi sur n'importe qui et vous serez assuré de déclencher un chaos qui mettra à genoux l'ordre républicain. Tous ceux, avocats, associations, hommes et femmes politiques qui participent à cet hallali d'autant plus répugnant qu'il relève de la plus aboutie des intolérances devraient être condamnés en lieu et place de ceux qu'ils condamnent.