Rendu possible par la loi Touraine de 2016, le « sport sur ordonnance » se digitalise. C'est, par exemple, ce que vise l’éditeur de jeu vidéo Kiplin qui propose désormais ses solutions connectées « pour accompagner les patients tout au long de leur parcours de soins dans la reprise du sport », explique la Dr Noémie Ferré, sa médecin référente. Fondé il y a huit ans pour favoriser l’activité physique en entreprise, Kiplin œuvre aujourd'hui avec les centres de lutte contre le cancer.
Connecté sur son smartphone, le patient, adressé par son médecin, commence par un bilan d’entrée pour évaluer son niveau physique. « C’est une épreuve de marche de six minutes et des exercices assis-debout », détaille la Dr Ferré. Un test qui a d'ailleurs obtenu l’année dernière le statut de dispositif médical. Le bilan se poursuit ensuite en visio, avec un coach qui accompagne le futur sportif par des tests de souplesse et un entretien motivationnel. Une fois l’évaluation terminée, « le patient peut passer au cœur du programme, basé sur la marche », explique la médecin de santé publique.
En équipe de quatre, le malade devra marcher le plus longtemps possible pour résoudre des défis ou énigmes et débloquer des indices. « C’est un moyen détourné de faire de l’activité physique adaptée, on parle de gamification », souligne la Dr Noémie Ferré. Après trois mois de programme, « on constate une augmentation du nombre de pas de 90 % ». Des séances d’activité physique en visio – renforcement musculaire, endurance ou relaxation - viennent compléter le dispositif.
Diabète et obésité
Historiquement positionné sur l’oncologie, Kiplin – qui accompagne aujourd'hui entre 200 et 300 patients – s’étend maintenant au diabète de type 2 et à l’obésité, à travers une collaboration avec le CHU de Clermont-Ferrand. « L’application n’est pas disponible pour le grand public, ce sont les professionnels des établissements qui mettent en place l’outil en envoyant la prescription médicale », précise la Dr Ferré, qui espère prochainement pouvoir la rendre disponible également en médecine de ville. Une expérimentation est d'ailleurs en cours avec des diabétologues libéraux bretons.
Depuis novembre, la commune de Ville-D’Avray, dans les Hauts-de-Seine, propose également Kiplin à ses administrés en ALD. Comme le coût du programme n’est pas pris en charge par l’assurance-maladie, c'est la commune qui en finance les trois quarts. « Nous souhaiterions que Kiplin soit remboursé par la Sécurité sociale, certaines mutuelles le prennent déjà en charge », plaide la Dr Ferré. Aujourd'hui, le programme est financé soit directement par les centres de lutte contre le cancer soit dans le cadre d'expérimentations dans le cadre de l'article 51 du budget de la Sécu de 2018.